Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION. 539 la France ; ces déplorables intempérances de langage réveillaient toutes les idées de trahison, surexcitaient tous les soupçons.

L'Assemblée, pour apaiser l'émotion de la capitale, décrète la peine de mort contre tout citoyen qui, dans une place assiégée, parlera de se rendre. Des mesures extraordinaires sont prises pour provoquer les enrôlements et mettre Paris en état de résister.

On vide les arsenaux, on prend tous les moyens de défense ; on forme quatre camps aux environs de Paris; on creuse des fossés, etc. Dans toutes les sections on arme les indigents et on leur donne une paye; on ordonne le désarmement et l'arrestation des suspects, on organise des visites domiciliaires pour saisir toutes les armes et s'emparer de ceux qu'on soupçonne de trahir leur pays, de tous « ces mauvais citoyens qui se cachent depuis le 10 août ».

Le 29, à quatre heures du soir, la générale bat, chacun est averti de rentrer chez soi à six heures. Toutes les boutiques sont fermées, les barrières gardées ainsi que la rivière; Paris devient un vaste désert. Il en est ainsi pendant quarante-huit heures: Il est défendu de sortir de chez soi, on doit y attendre la visite des commissaires de la Commune, qui font leurs perquisitions assistés de la force armée. Des milliers d’infortunés sont arrêtés et jetés dans les prisons.

Paris présente l'aspect le plus effrayant : partout