Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION. 369

pour dominer ne s'épargnera jamais aucun crime, Ces hommes sont à la liberté, ce que les prêtres sont à la religion, des sectaires fanatiques, qui, sous un nom sacré, ne cherchent que domination et qu'intérêt personnel. « Les sections de Paris sont infectées des mêmes principes que la société des Jacobins ; les Maratistes triomphent de toute part. Partout ils abusent le peuple et font trembler les citadins, qui n’osent plus élever la voix dans les assemblées sectionnaires. La force publique est nulle, point organisée ou mal commandée ; d'une part, l'égoisme, la pusillanimité; de l'autre, l'ambition, la scélératesse. Voilà les éléments de troubles et de désordres qu’enferme Paris. Les décrets de la Convention sur la police intérieure de cette ville, sont enfreints continuellement, les ordres des -ministres méprisés, l'opinion publique pervertie, les prin: cipes altérés ou violés à chaque instant. Les factieux menacent ouvertement de recommencer le cours des proscriptions, afin de replonger nos représentants dans la stupeur et dans l'inertie. Tout nous présage en un mot les plus sinistres événements; tout atteste le danger des mandataires du peuple et les Bordelais balancent à marcher vers Paris! et ils délibèrent encore! il faut sauver la France des horreurs d'une guerre civile, il faut sauver la Convention Nationale et ils attendent une loi! Grands dieux! Les Marseillais ont-ils attendu qu'un décret leur ordonnât de forcer

A.