L' Atlantide : exposé des hypothèses relatives à l'énigme de l'Atlantide : avec 23 figures et cartes
28 HISTOIRE DES HYPOTHÈSES RELATIVES A L'ATLANTIDE
dans la langue du pays dont il parlait. » Bär nous apprend en particulier que Platon a écrit des noms grecs dans le Critias parce que Solon, qui voulait faire figurer ces noms dans ses poésies, avait traduit en grec les noms qu’il entendait, après que les Egyptiens qui les lui communiquaient les avaient déjà eux-mêmes traduits dans la langue de l'Egypte. Si des difficultés insurmontables compliquent ce problème on doit les attribuer, suivant Bär, au fait que le récit de Critias pèche par beaucoup de points et Critias nous apprend en effet lui-même qu'il se rappelait mal ce qui remontait à sa première jeunesse. Or, prenant pour accordé que les noms propres dans le récit de Solon et de Platon ne sont que des traductions, Bär devait se mettre à la recherche d’un peuple dont l’histoire fût conforme au récit de Platon et chez qui les noms des héros fussent conformes aux noms deux fois traduits cités par Platon. Bär argumente par exemple de la manière suivante : Atlas = atleta guerrier — Israël parce que Israël est, d’après Moïse I, 31, 28, celui qui a combattu avec le Seigneur. En France, Daniel Huet et Samuel Bochart développèrent les mémes points de vue, comme aussi Johann Heinrich Voss dans son Antisymbolitz.
Les hypothèses qui viennent d’être énumérées sont des exemples typiques des conceptions scientifiques, théologiquement orientées, du xviH° et du xvur° siècles. Considérées de ce point de vue elles offrent une certaine unité systématique. Mais nous allons devoir nous occuper maintenant de conceptions disparates ayant localisé lAtlantide dans les directions les plus différentes et les plus singulières.
En 1638, le grand philosophe anglais et chancelier d'Angleterre, François Bacon de Verulam avait formulé l'opinion que l’Atlantide pouvait être la même chose que l'Amérique. Mais son ouvrage célèbre, La nouvelle Atlan-