L'atomisme d'Épicure

Ne

sable que les principes apportent des propriétés invisibles et secrètes dans la formation des choses, car alors seulement ils n'empêcheront pas les choses d’avoir leur caractère spécifique (1). À ce propos Epicure déclare fausse la doctrine stoïcienne selon laquelle les éléments se transforment entre eux. Ces transformations ne peuvent convenir aux éléments, puisqu'il faut que dans la génération et la dissoiution des choses reste un fond immuable qui n'est pas soumis au changement ; autrement tout serait réduit au néant (2)Puisque les quatre éléments subissent des métamorphoses, ils doïvent être composés d'éléments immuables, d’atomes (3).

Lucrèce atteste qu'Epicure luttait contre Anaxagore, dont ia doctrine du voic était déjà critiquée par Démocrite, puisque celui-ci n'admettait ni vide dans les corps, ni bornes à la divisibilité de la matière. Epicure trouve surtout absurde que les principes d’Anaxagore (homoeomeria) aient la même nature que les corps, et qu'ils soient de la même manière destructibles et périssables (4). Cependant, d’après un rapport, c'était le philosophe de Clazomène qu'Epicure approuvait le plus parmi les anciens philosophes, quoiqu'il le contredise dans certains points (5). Ce rapport ne nous paraît pas vraisemblable, car il existe une différence fondamentale entre la doctrine d’Anaxagore, selon laquelle les corps sont composés d'un nombre infini d'éléments qualitativement différents et divisibles à l'infini, et entre celle d'Epicure, d'après laquelle les différences qualitatives des choses se réduisent aux diverses réunions des atomes qualitativement égaux (6).

L’effort de noire philosophe pour mieux fonder son SYSième par la polémique, le révèle un esprit éminemment critique. (1) De R: N° T, 770-781:

(2) CE Ibid. I, 670-674 ; 791-799 : IT, 755-154 ; IX, 519-590 : nr, 754-756.

(5) C£. Ibid. I, 782-802.

(4) Ibid, 1, 850-920 contient une rélutation par l'absurde bien naïve de la doctrine des homoeoméries d’Anaxagore.

Cr)

(6) CF. De R. N. I, 684-686; 820-922: 1, 725-729 et Arist. Met. NIIL, 2, 1042 b, 11, où la même théorie était attribuée à Démocrite.