L'Autriche et la Hongrie de demain les différentes nationalités d'après les langues parlées : avec de nombreux tableaux statistiqes et 6 cartes ethniqes

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ils n’ont pas craint d’user de violence, croyant aïnsi arriver plus vite au but que leur faisait entrevoir leur orgueil. Et ils n’ont pas hésité à martyriser et à essayer de tuer des nationalités pleines de vie et d'avenir, lorsqu'elles paraissaient trop lentes à se courber sous leur joug.

Mais les temps ne sont plus où les masses humaines inconscientes se laissent conduire, résignées et dociles, sous la férule d’un despote étranger. Des gouttes de sang ont fait déborder le vase et toutes les nations opprimées se redressent, pleines de vaillance et d’espoir, pour réclamer leur indépendance.

La Hongrie comprendra donc, seulement, les régions situées sur la rive droite du Danube et la plaine de l’Asfüld, comprise entre le Danube et la Tisza, soit :

Rive droite du Danube . . . . . . . . . . . 3.138.156 Entre Danube et Tisza . . . . . . . . . . . 83.769.658 6.907.814

Moins le territoire de la Marche Slave indiquée ci-dessous, soit . . . . . . . . . . . . . 1.000.000 RESTE TR Te ere nos cr 0 000:000

La Hongrie aurait donc une importance analogue à celle ae l’Autriche, au point de vue de son chiffre de population. Les Hongrois seront réduits à la portion congrue, mais, comme l’a dit M. Louis Léger, ils le méritent bien; car leur vie n’a été qu’une longue suite d’iniquités envers les Slaves. Aussi n’ai-je pas été peu étonné de lire dans la revue Scientia (1) un article de M. Julius Andrassy dans lequel cet ancien ministre hongrois n'hésite pas à se faire le défenseur des petites nationelités. « Les petites nations — dit-il — ne sont pas moins nécessaires que les autres. Et, le trésor suprême de l’humanité se trouve dans la liberté, dans le développement multiple et l’équilibre des différentes forces nationales indépendantes. Nous ne sommes, nous-mêmes, qu’une minorité encastrée entre de puissants blocs nationaux. Aussi, si jamais une nation a existé qui, entre toutes, ressente la nécessité de l’équilibre politique, qui sache que c’est un crime, que c’est un meurtre, que de vouloir écraser des individualités historiques et nationales possédant une force vitale indépendante, dans lintérêt d’une grande nation plus puissante, c’est bien certainement la nation hongroise. »

On n’a qu’à demander aux Serbo-Croates ce qu’ils pensent des affirmations de M. Julius Andrassy !

30 CRÉATION D'UNE MARCHE SLAVE CONSTITUANT UNE RÉGION-TAMPON

Étant donnée l’ambition magyare, il n’est pas douteux qu'elle arriverait rapidement à diriger, à absorber l’Autriche. Il serait donc désirable, au point de vue de la paix européenne, que les deux complices fussent séparés et la chose ne paraît pas impossible. Il suffirait de reconstituer l’ancienne province romaine de Pannonie supérieure qui correspond, à peu près, aux comitats

(1) « La guerre mondiale et la liberté du monde » (Ripista di Scienza. Milan, numéro du 1er mai 1945, p. 2738).