L'Autriche et la Hongrie de demain les différentes nationalités d'après les langues parlées : avec de nombreux tableaux statistiqes et 6 cartes ethniqes

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(Nestve) et une gibecière (Torbica). Sur la tête une petite calotte rouge (Kapa), entourée d’un turban (Pechkir). Les femmes portent la même chaussure que les hommes. Elles se couvrent le corps d’un vêtement bleu (Modrina) ou blanc (Bjelatcha), par-dessus lequel elles mettent un second vêtement ouvert et sans manches fait de toile (Brnjitza) ou de drap grossier (Sadak). Enfin, elles ont encore un corsage (Xrozet) et un tablier (Pregatcha).

La Dalmatie n’a que de faibles ressources agricoles sur les hauts plateaux calcaires de l’intérieur. Mais elle possède sur la frange maritime d’excellentes rades et une mer poissonneuse. Avec ses 600 kilomètres de côtes, elle est naturellement une pépinière inépuisable d’habiles matelots. Tout porte à croire que, lorsqu'elle aura reconquis son autonomie par son adhésion spontanée à un groupement slave important, le port de Rieka (Fiume) au nord et son vieux port de Doubrovnik (Raguse) au sud redonneront une nouvelle activité commerciale aux marins serbo-croates.

« Étroite bande de terrain qui borde les eaux orientales de l’Adriatique, la Dalmatie se rattache évidemment aux pays limitrophes de la péninsule balkanique (1) puisqu'elle est géologiquement composée des mêmes terrains, arrosée des mêmes rivières, habitée par des peuples d’une même origine. Il est facile de comprendre pour quelles raisons la Dalmatie n’a pu sauvegarder son indépendance dans les divers conflits dont elle a été victime. Les populations slaves du littoral, réparties sur une zone d’une longueur considerable, n’avaient pas une cohésion matérielle suffisante pour s’entr’aider à temps contre les attaques du dehors. » Il n’en sera certainement pas de même pour l’avenir, malgré certaines prétentions italiennes absolument injustifiées. Les bruits les plus extravagants ont couru à cet égard. Le Journal de Genève du 26 avril 1915 annonce que l'Italie demandait à l'Autriche l’abandon de toute la côte adriatique, savoir : 40 Trieste et l’Istrie, jusqu’au sud de Fiume; 20 elle consentait, d’autre part, à abandonner à la Croatie la partie de la côte qui s'étend du sud de Fiume jusqu'au fleuve Zermagna, qui se jette dans l’Adriatique au nord-est de Zara, près de Novigrad; 30 elle revendiquait le territoire entre le fleuve Zermagna et le fleuve Narenta, avec toutes les îles dalmates (il y en a six cents); l'Italie abandonnerait à la Serbie le reste de la côte austrohongroise à partir de la Narenta jusqu’au port albanais de Durazzo, et entre autres Cattaro et les fameuses bouches. Le Montenegro possède dans cet espace Antivari et Dulcigno. Ce sera à la Serbie de s'entendre avec le Montenegro. Au sud de Durazzo, en Albanie, l'Italie est déjà en possession du port et de l’admirable golfe de Valona.”

Enfin, une dépêche du 27 avril 1915 adressée de Rome au Tèmes dit : « Je crois savoir, à propos de la Dalmatie, que le Gouvernement italien, pour des raisons stratégiques, ne voudrait pas voir la Dalmatie entière aux mains des Yougo-Slaves. Il pourrait se faire qu'il ne désirât que des îles. En tout cas, on peut définir par la formule suivante les réclamations que l'Italie produira : « Autant de Dalmatie qu’il sera nécessaire pour assurer la position de l’Tialie dans l’'Adriatique. »

Si l'Italie se réclame, avec raison, du principe des nationalités et de la

(1) Reczus(Elisée), Nouv. Geograph., t. III, p. 217.