L'Herzégovine : ouvrage accompagné d'une carte

L'HERZÉGOVINE 43

qu'enfin son delibachi Khouso promit à l’hospodar qu'avec soixante delis il lui amènerait mort ou vif le terrible Miiat.

Khouso partit donc avec soixante delis pour Saraïevo, entra chez Evendi-Cadi qui était absent, et se mit à maltraiter ses deux blanches cadines, pour qu'elles lui découvrissent où se cachaient les heïduques. Aux cris des femmes, Miiat accourt avec les siens. Alors, dissimulant leurs projets, les delis tures se mettent à boire paisiblement avec les heïduques. Enfin, les Tures eux-mêmes s’enivrent et leur langue se délie; le delibachi Khouso boit en disant: « Non à toi, Tomitz Müat, ni à moi, mais à notre vizir, au vizir impérial de Bosnie dont je vais extcuter les ordres. »— La coupe passe de l’un à l’autre jusqu'à ce qu’elle arrive au neveu de Miiat, Marianko, qui s’écrie : — « Non à toi, delibachi, ni à ton vizir, mais à mes deux pistolets qui vont racheter ma tête et celle de mon oncle. » — Et jetant la coupe, il fit feu sur Khouso qu'il tua. Alors les heïduques s’emparèrent des delis ivres, leur lièrent les mains et les enfermèrent dans la cave du cadi; puis ils se couvrirent des vêtements de leurs prisonniers, montèrent leurs chevaux et traversèrent, ainsi déguisés, les rues de Seraïevo au milieu des Tures auxquels Miiat se donnait pour l’envoyé du vizir contre les heïiduques.

Dans un autre chant, Tomitz Müat sauve