La Bulgarie : ses ambitions, sa trahison : accompagné des textes de tous les traité secrets et correspondances diplomatiques

— 230 —

montrent fort peu de ressemblance psychologique avec aucun des autres peuples slaves. On attribue à ceux-ci un caractère commun ; ils ont plus d'inspiration brillante que d'ordre et de méthode; ils sont sentimentaux et généreux, souvent même chimériques, tandis que chez les Bulgares la raison, le calcul, la préméditation sont toujours de rigides freins qui matent les incartades d'un cœur d’ailleurs peu sensible. Les Bulgares n’ont ni le mysticisme, ni l'idéalisme chaleureux et généreux, ni l’ondoyante et diverse plasticité des Russes, ni la cordialité enthousiaste des Tchèques, ni rien de la mentalité des Polonais, et ils affectent eux-mêmes de considérer les Serbes comme des êtres dont la nature impulsive et vibrante se distingue tout à fait de la leur.

Quelle est donc la leur?

— Les Serbes sont plus poétiques que nous, disent-ils ayec l'ironie d’un fermier normand qui parlerait d'un écrivassier. Et is ajoutent :

« Le peuple serbe est un peuple guerrier. Nous sommes nous, Bulgares, un peuple militaire. »

Le Bulgare, nous l'avons vu et il faut y insister, est un matérialiste, un incroyant, « un homme de bon sens », il n'étend pas ses regards au delà des choses sensibles. Il ne guerroie point pour gagner le ciel, maïs pour réorganiser l'exploitation de la terre... Les Bulgares ont une mentalité bien marquée : opiniatreté et « gaignage ».…. Ils ne craignent point de montrer du cynisme quand ils expliquent qu'ils sont toujours prêts à profiter des circonstances sans s'embarrasser de principes ni de scrupules, toujours prêts à se donner ou plutôt à se prêter au plus offrant, toujours prêts à sacrifier à l'intérêt de demain l'amour qu'ils affichaient la veille encore pour des protecteurs bénévoles. Il n'y a en eux aueune sentimentalité, ni religieuse, ni historique, et la reconnaissance est un bagage qui n’encombrera pas de sitôt leurs convois. La grande idée panslaviste, en réalité, les fait sourire et ils ne désirent qu'une chose qui est l’agrandissement de la Bulgarie... -

À cette masse de paysans rudes et têtus, qui forment l'armée bulgare, se superpose un corps d'officiers issu d'elle-même.

1 Revue hebdomadaire, 26 juillet 1913.

S

h

Tree