La correspondance de Marat

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70 LA CORRESPONDANCE DE MARAT

dans le numéro 236 (7 juillet), Marat commenta en ces termes l'incident de la Convention : « La lettre que j'ai adressée le # de ce mois à la Convention, pour demander que la tête des Capets rebelles fût mise à prix, et pour solliciter l'immédiate destitution de Biron et de Custine, qui s'appré. tent à renouveler le rôle de Dumouriez, n'a été lue que le cinq. La Convention n’a même entendu que ce qui est relatif aux Capets, elle est passée à l’ordre sur le reste. J'en suis peu surpris; sans doute que ma lettre avait été communiquée la veille aux endormeurs du comité de salut publie (ou, - comme on dif, de perte publique) qui ont engagé quelques trembleurs de la Convention à demander l'ordre du jour. Toujours est-il certain que Barère, Delmas, Mathieu, Ramel, Nogaret, elc., protègent Custine, Biron, Westermann, Menou et tous les scélérats ex-nobles, qui sont malheureusement encore à la tête de nos armées ‘. » e

crains que cette fête ne soit funeste à nos prisonniers, On craint ici que Dubois-Crancé ne marche sur Lyon. On propose divers plans pour le repousser, je crois la nouvelle très douteuse. Cette démarche n’aboutirait pas à autre chose qu'à perdre du monde de part et d'autre.

« Monsieur Coson, président du tribunal criminel, a fait ces jours derniers une adresse aux citoyens de cette ville, pour se disculper des lenteurs dont les sections l’accusaient au sujet des prisonniers nouvellement détenus; il veut suivre la loi pour les juger, mais, comme je vous l'ai déjà dit, je crains qu'on ne la prévienne.

« Adieu, citoyen, je vous souhaite une meilleure santé, vous en avez bien besoin. Je ne signe pas par la raison que vous devez savoi: : mais comptez sur la vérité du contenu de ma lettre.

P.-S.— « C'est bien la faute de la Convention, si l'événement qui à eu lisu ici le 29 du mois dernier, est arrivé : lorsqu'elle a décrété le . milliard pour la guerre, il fallait tout de suite décréter le mode pour le percevoir, et la municipalité, qui a toujours tout outré, n'aurait - pas fait de taxations arbitraires qui ont irrité les riches de cette ville ; ils auraient payé suivant la loi, et non suivant le désir de la municipalité qui était détestée. »

1. L'original de cette lettre de Marat a fait partie de la collection d'autographes de M. Meyer Cohn, à Berlin, jusqu'en 1905, date de la dispersion de cette collection.