La France sous le Consulat

236 LA FRANCE SOUS LE CONSULAT

culent aux Champs Elysées entre six rangs de spectateurs assis sur des chaises ; Les gazons sont couverts d'enfants qui jouent et de gens assis sur l'herbe. Même foule de promeneurs et de spectateurs, le soir, le long des boulevards, entre les rues du Mont-Blanc et de la Grange-Batelière. Le boulevard des Italiens a été surnommé, à partir de 1798, le Petit-Coblentz, à cause des émigrés et des cidevant nobles qui s’y réunissent. Le boulevard populaire est celui du Temple, peuplé de guingettes et de petits théâtres. Dans ces promenades le luxe des vêtements a devancé celui des équipages. Au commencement du Consulat on ne voit guère que des fiacres. Les voitures du cortège officiel qui accompagnait les Consuls lorsqu'ils vinrent s'installer aux Tuileries, le 19 février 1800, étaient de vulgaires fiacres dont on avait recouvert les numéros avec du papier. Aux Champs Elysées ou à la promenade annuelle de Longchamp, au milieu des fiacres, on distingue quelques nouveaux véhicules médiocrement élégants : cabriolets, phaétons, vis-à-vis, demi-fortunes, soufflets.

Les maisons de jeu, interdites pendant la Révolution, ont pullulé à partir de 1795. Le jeu, sous toutes ses formes, a été enragé pendant le Directoire. De 1797 à 1803 la masse des sommes jouées chaque année n'est jamais tombée audessous de 400 millions. Le Premier Consul toléra à regret les jeux de hasard ; du moins, en renouvelant en 1804 le bail de la ferme des jeux, les soumit-il à une réglementation sévère et à une surveillance rigoureuse de la police. Les deux principales maisons de jeu étaient Frascati, rue de Richelieu, et le salon de la Paix, rue de la Grande-Batelière, où l’on attirait les joueurs par des fêtes, des bals, des concerts, des soupers. La Loterie Nationale dont un arrêté des Consuls fixe les tirages à trois par mois, encaissait environ 55 millions, sur lesquels l'Etat avait un bénéfice de 15 millions:

1. Du 26 septembre 1801.