La France sous le Consulat
238 LA FRANCE SOUS LE CONSULAT
en Europe, furent renouées par Fleury, Saint-Prix, Talma, le plus grand tragédien de son temps, et continuées par les deux Baptiste, Michot, Dumas, Lafon ; par des tragédiennes comme M°* Vanhove, Bourgoin, Volnais, Georges Weymer, Duchesnoïs ; par des comédiennes comme M"* Mézeray, Mars, Rose Dupuis, Leverd, Demerson. En même temps que la troupe se reforma le parterre des vieux habitués, représentants de la magistrature, du barreau, du haut négoce, du corps médical, fins connaisseurs. non seulement des mérites ou des défauts d'un acteur mais des œuvres elles-mêmes, dont le journaliste Geoffroy fut l'oracle, et qui contribuèrent à remener le goût du public au grand art de Corneille, de Racine et de Molière. Dans le silence presque complet de la tribune, dans l’apaisement des passions politiques, les questions de théâtre offrirent un aliment aux discussions et aux conversations. Les mérites de deux jeunes tragédiennes, qui débutèrent presque en même temps au Théâtre Français, M" Duchesnoïis et Georges, occupèrent et divisèrent tout Paris. La première, au dire de M" de Rémusat, était fort laide, mais douée d’un talent remarquable qui lui valut les suffrages des salons ; celui de M" Georges était médiocre, mais compensé par une extrême beauté. « Le public de Paris s’échauffa pour l’une ou pour l’autre ; en général, le succès du talent l’emporta sur celui de la beauté. La belle fut souvent accueillie par des sifflets ». La partialité, nullement désintéressée, du Premier Consul envers M°° Georges n'était pas étrangère à ces manifestations, où l'opposition, contenue ailleurs, prenait sa revanche.
Il faut citer le Théâtre des Amis de la Patrie, salle Louvois, qui, sous la direction de M" Raucourt, avait aspiré à devenir le second théâtre français ; le Vaudeville, rue de Chartres, alors très prospère; les Variétés amusantes, au Palais-Royal, fondées par la Montansier : l'ancien théâtre Molière, rue Saint-Martin ; le théâtre de la Cité, vis-à-vis le