La France sous le Consulat

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rapports des conseillers d'État chargés par le gouvernement, à la fin de 1800, de parcourir les territoires des divisions militaires et de lui rendre compte de leurs observations. Ces rapports ont été publiés par M. Félix Rocquain sous le titre d'£tat de la France au 18 brumaire. Trois groupes de faits s’en dégagent et indiquent les maux qui réelamaient les remèdes les plus prompts : la détresse financière, la guerre civile et le brigandage, la persécution et l’oppression de plusieurs catégories de citoyens. Nous ne nous occuperons présentement que des deux premiers ; la situation financière à la fin de 1799 sera décrite plus loin avec l'organisation qui l’a transformée et remplacée par un régime régulier.

La guerre civile, que des pacifications avaient assoupie plus ou moins longtemps sans jamais l’éteindre complètement, avait recommencé dans l'Ouest avec les violences et la faiblesse du Directoire, les victoires de la seconde coalition européenne sur la République, l'appui et les subsides des Anglais, les encouragements des Bourbons réfugiés en Angleterre. Quatre foyers principaux s'étaient rallumés : dans la Vendée, sur les deux rives de Ja basse Loire, avec Chatillon et d’Autichamp ; dans le Maine avee le comte de Bourmont:; dans la basse Bretagne avec Georges Cadoudal ; dans la basse Normandie avec le comte de Frotté. Les chefs royalistes, maîtres de presque toutes les campagnes dans les douze départements de l'Ouest, disposaient au commencement de 1800 de 40.000 hommes avec des cadres. Ils interceptaient les communications entre Paris et les ports de la Manche et de l'Océan : l'amiral Bruix, après le 18 brumaire, mit plus d'un mois pour se rendre de Paris à Brest. « La Vendée était aux portes de Paris ‘ ». Cette insurrection, entreprise par les chefs au nom de la royauté et de la religion, n’était

4, Napoléon, Correspondance, tome VI, à Desaix (14 mai 1800).