La France sous le Consulat
32 LA FRANCE SOUS LE CONSULAT
« Chaque jour, disait-il, est et sera marqué par des actes de justice. » Il déclarait « que la liberté des cultes est garantie par la Constitution ; qu'aucun magistrat ne peut v porter atteinte; qu'aucun ne peut dire à un autre homme: « Tu exerceras un tel culte ; tu ne l’exerceras qu'un jour. » « Le gouvernement pardonnera, disait-il en terminant, il fera grâce au repentir ; l'indulgence sera entière et absolue: mais il frappera quiconque, après cette déclaration, oserait encore résister à la souveraineté nationale. ‘ »
Les actes suivent les paroles. Le général Hédouville, l’ancien chef d'état-major de Hoche, qui commandait dans l'Ouest l’armée dite d'Angleterre, avait conclu un armistice avec les chefs royalistes et entamé avec eux des négociations. Bonaparte lui indique les concessions qu'il est disposé à faire : libre exercice du culte; les églises non vendues mises à la disposition des communes; les prêtres dispensés de tout autre serment que celui de fidélité à la constitution ; faculté pour eux de dire la messe quand ils voudront ; trente à quarante radiations de la liste des émigrés, si les chefs se montrent sincères dans leurs discours ; des facilités pour le paiement des contribulions, — mais il refuse de destiner les biens curiaux non vendus au salaire des prêtres et d'autoriser les processions hors des églises, parce que ces mesures « ne se concilient pas avec les intérêts généraux de la République ». Il ajoute qu'Hédouville « ne doit pas se laisser amuser plus longtemps * ». Il reçoit, le 27 décembre 1799, à dix heures du soir, au Petit-Luxembourg, deux agents royalistes, Hyde de Neuville et le chevalier d'Andigné, — ce dernier envoyé par les chefs vendéens, — qui venaient lui offrir, non seulement la soumission, mais le concours des
1. Aux départements de l'Ouest, 28 décembre 1799. Correspondance, tome VI. 2. Au général Berthier, ministre de la guerre, 29 décembre 1799. Correspondance, tome, VI.