"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (оштећен примерак)
LA BALLADE POPULAIRE AVANT « LA GUZLA ».
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disait-il, n’ont pas été copiées sur des manuscrits poudreux, elles ont été recueillies toutes chaudes de la bouche du peuple ; peut-être n’avaient-elles jamais été écrites auparavant ; dans ce sens, ce ne sont pas des œuvres anciennes, mais elles n’en méritent pas moins d’être comparées aux textes les plus anciens : quelquesunes célèbrent des événements qui se sont accomplis il y a vingt ans à peine, et on ne peut reconnaître aucune différence de style ou de manière entre elles et les poésies qui s’inspirent des souvenirs les plus lointains, des traditions presque incertaines et des légendes primitives 1 . » Et, tout plein d’enthousiasme, Jakob Grimm écrivait à ses amis : «Imaginez-vous qu’on a publié jusqu’à ce jour trois gros volumes de ces chants parmi lesquels il n’y en a pas un seul de mauvais. Nos poésies allemandes doivent se cacher devant les serbes (müssen sich aile davor verkriechen 2 ) ». Il faut ajouter qu’une raison spéciale explique cet enthousiasme. On pensait alors que les piesmas devaient résoudre la grande question de l’authenticité des œuvres homériques, posée par Wolf dans son ouvrage Prolegomena ad Homerum (1798). On a cru que les chants serbes fourniraient des preuves indiscutables à la théorie d’après laquelle l’ lliade et YOdyssée ne furent qu’un assemblage de morceaux originairement distincts, réunis plus tard en un seul corps. On a cherché à voir dans les piesmas une « épopée en formation » et à étudier sur le
und die Brüder Grimm, p. 165). Gf. aussi St. Tropsch, Wer ist der Uebersetzer der « Neunzehn serbischen Lieder » in Fôrsters « Sângerfahrt»l [réponse: B. Kopitar], dans VArchiv fur slavische Philologie, XXVIII Band, 4 Heft, Berlin, 1907. 1 Article consacré à la seconde édition des Chants serbes, dans les Gôtting. gel. Anzeigen, 1824. Freundschaftsbriefe von W.und. J. Grimm, Heilbronn, 1878, p. 32.