"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (са посветом аутора)

LES ILLYRIENS AVANT « LA GUZLA ».

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ses premiers romans : l’Héritière de Birague, le Centenaire ou les deux Beringheld, le Vicaire des Ardennes (tous les trois de 1822); exemple suivi par Victor Hugo dans Han d’lslande (1823) ABug-Jargal (1825). Bien plus, ce fameux « grotesque » préconisé par Hugo dans la Préface de Cromwell n’était qu’une conséquence des années passées à cultiver le « genre frénétique 1 ». Ce genre convenait au goût maladif et passager de l’époque où le romantisme apparaissait à peine ; en haine des dieux et des héros gréco-romains, froids et impassibles, on se noyait volontairement dans les ténèbres de la magie du vampirisme barbare 2 . Ce goût, qui devait s’accroître, puis se calmer, assura dès 1829 le grand succès des contes fantastiques de Hoffmann 3 ; pour quelques-uns, même, l’attrait du « terrifiant » se doublait du plaisir de la mystification et c’est ainsi que la nouvelle « à faire peur » devint un genre fin et agréable par excellence. Nous n’avons pas besoin de dire que l’auteur de la Guzla y excella. La fureur du « frénétique » était un des points les plus vulnérables de la nouvelle école ; les adversaires du romantisme ne la pardonnaient pas facilement. Henri de Latouche, dans son poème burlesque des Classiques vengés, se moque agréablement de ce genre aux dépens de V. Hugo :

1 André Le Breton, op. cit., loc. cit. 2 Nous consacrerons au vampirisme un chapitre spécial dans la deuxième partie de notre étude. Remarquons le même goût de l’épouvantable chez les peintres romantiques. A cet égard, nous trouvons la Danse macabre de Deveria (Musée de Grenoble), très caractéristique. 3 M. Breuillac, Hoffmann en France dans la Revue d’histoire littéraire de la France, 1906-1907.