"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (са посветом аутора)

LA BALLADE POPULAIRE AVANT « LA GUZLA ».

131

Chateaubriand, pendant son séjour en Angleterre, se fit grand partisan du barde écossais. « J’aurais soutenu, disait-il beaucoup plus tard, la lance au poing son existence envers et contre tous, comme celle du vieil Homère. Je lus avec avidité une foule de poèmes inconnus en France, lesquels, mis en lumière par divers auteurs, étaient indubitablement, à mes yeux, du père d’Oscar, tout aussi bien que les manuscrits runiques de Macpherson. Dans l’ardeur de mon zèle et de mon admiration, tout malade et tout occupé que j’étais, je traduisis quelques productions ossianiques de John Smith h » Et, en 1797, il écrivait au chapitre XXXVIII de son Essai historique, politique et moral sur les révolutions anciennes et modernes : Le tableau des nations barbares offre je ne sais quoi de romantique qui nous attire. Nous aimons qu’on nous retrace des usages différents des nôtres, surtout si les siècles y ont imprimé cette grandeur qui règne dans les choses antiques, comme ces colonnes qui paraissent plus belles lorsque la mousse des temps s’y est attachée. Plein d’une horreur religieuse, avec le Gaulois à la chevelure bouclée, aux larges bracca, à la tunique courte et serrée par là ceinture de cuir, on se plaît à assister dans un bois de vieux chênes, autour d’une grande pierre, aux mystères redoutables de Tentâtes. M me de Staël, dans le fameux chapitre XI de son livre De la Littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales, établit Indivision, plus fameuse encore, des « deux littératures tout à fait distinctes, celle qui vient du Midi et celle qui descend du Nord, celle dont Homère est la première source, celle dont Ossian est l’origine ». Elle ajouta que « l’on ne peut décider d’une manière générale entre les deux genres de poésies dont Homère et Ossian sont comme les pre-

1 Wüscher, op. cil., pp. 33-34.