"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (са посветом аутора)

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CHAPITRE 11.

« Nous avons cru, disait son traducteur, que cette ballade pourrait intéresser, même aujourd’hui, par la noble simplicité et la naïveté touchante qui y régnent i . » Notons encore, en passant, une « Lettre de M. Charles Villers à M. Millin, sur un Recueil d’anciennes poésies allemandes », publiée entête du cahier de septembre 1810, du Magasin encyclopédique. Nous voici arrivés à un ouvrage qui sous bien des rapports eut une importance capitale : cette importance il aurait pu l’avoir également pour la poésie populaire si son auteur l’eût aimée davantage. En 1810, M me de Staël fit imprimer la première édition de ce livre si retentissant De ï Allemagne, auquel il nous faut presque toujours remonter quand il s’agit du romantisme. Il va sans dire qu’elle y consacra une large place aux « romances » de Bürger, de Goethe et de Schiller. Elle en fit un grand éloge et ces louanges ainsi données firent que Millevoye, Victor Hugo et Émile Deschamps composèrent des ballades 2 . Mais M me de Staël ne se prit jamais d’enthousiasme pour la poésie populaire d’où la « romance » littéraire était cependant sortie. « Il y a des improvisateurs parmi les Dalmates, disait-elle dédaigneusement, les sauvages en ont aussi 3. » Aussi ne consacra-t-elle au recueil de Herder que ces quelques lignes assez froides : Herder a publié un recueil intitulé Chansons populaires ; ce recueil contient les romances et les poésies détachées où sont empreints le caractère national et l’imagination des peuples. On y peut étudier la

1 Archives littéraires, t. XVII, p. 299. Percy, Reliques, First Sériés, Book thé Ist, n° 4. (Cité par M.Wüscher, op. cit., p. 38.) 2 Victor Hugo, leçons faites à l’École Normale Supérieure par les élèves de la 2" année {lettres) 1900-1901, sous la direction de Ferdinand Brunelière, Paris, 1902, 1.1, p. 62. 3 Cf. ci-dessus, pp. 56-58.