"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (са посветом аутора)

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CHAPITRE 11.

traditions de l’ancienne indépendance et préparé la nouvelle liberté. Rien de plus simple, par conséquent, que l’intérêt, la passion que ces combats ont éveillés chez le peuple et les chanteurs. Les dernières courses des heyduques et des uscoques nous amènent enfin à la dernière période, aux chansons qui nous disent les exploits de Kara-Georges et de ses compagnons, la lutte pour l’affranchissement (18041816), les guerres turco-monténégrinesL En 1833, époque où Karadjitch écrivait sa célèbre préface, c’est à peine s’il y avait une seule maison bosniaque, herzégovinienne ou monténégrine où l’on ne trouvât pas les gouslé, qui ne manquaient jamais même dans les stations des pâtres. Aujourd’hui, elles se font rares ; les chants héroïques de composition récente sont du verbiage démagogique, et il est très douteux que cette poésie renaisse jamais. Heureusement on la fixa par écrit à l’époque où elle florissait encore. Dès que parut le premier volume des Chants populaires serbes (1814), il fut présenté au public allemand par Barthélemy Kopitar et par Jakob Grimm 2 . Le grand philologue allemand traduisit aussi dix-neuf poésies héroïques et lyriques serbes et recommanda à ses compatriotes l’étude de la langue de ce pays, afin de goûter la saveur des chants originaux 3. « Ges chansons serbes,

1 Pypine et Spasowicz, op. cit., pp. 388-389. 3 Wiener allgemeine Lileratur-Zeilung, 1814, 1815 et 1816. Ces articles sont recueillis dans les ÆZemereSc/irîwendeJakob Grimm, t. IV, Leipzig, 1868. 3 Neunzehn serbische Lieder übersetzt von den Brüdern Grimm, dans la Sangerfahrt de Fôrster, Berlin, 1818, pp. 216-218. Malgré la signature des deux frères, signature mise par l’éditeur Fôrster, Guillaume Grimm n’avait eu aucune part à cette traduction. (R. Sleig, G-oelhe