"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (са посветом аутора)

LA BALLADE POPULAIRE AVANT « LA GUZLA ».

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monde ; le russe et le polonais en ont pris naissance : mais notre ignorance actuelle est à peine imaginable; les Servions de l’église d’occident sont moins barbares que nous, mais c'est dommage qu’ils corrompent leur langue par leur commerce avec les Italiens. » Le 13 novembre 1824-, le Globe entreprit la publication d’une série d’articles sur les Poésies nationales des Servions, dont il ne parut que les deux premiers. A en croire quelques savants allemands, y disait-on, qui ont pénétré plus avant qu’on, ne l’avait fait jusqu’ici dans la littérature slavonne, elle renferme de telles richesses que « l’Europe, à qui elles étaient restées cachées jusqu'à ce jour, sera frappée d’admiration en les voyant »... On en sera surtout redevable à un Servien, M. Wuk Stewanowitsch, dont les solides et importants travaux tendent à la fois à propager la gloire de sa patrie et à y répandre l’instruction et les lumières... Ces publications ont produit une vive impression sur les philologues allemands ; on s’est mis avec ardeur à étudier et à traduire ces poésies qui, suivant M. Grimm, le traducteur de la Grammaire serviemie, « rappellent à la fois Homère et Ossian, le Tasse et l’Aripste et ces vieilles ballades écossaises et espagnoles si pleines de sensibilité ». Puis, l’auteur indiquait le caractère de la poésie serbe : la force y est mise au premier rang, disait-il. Il parla des chants populaires que « les plus âgés apprennent aux plus jeunes » et que « l’on chante en s’accompagnant d’une sorte de violon, appelé gusla ». Malheureusement, dans la très louable intention de donner à ses lecteurs quelques notions sur la langue « servienne », l’auteur s’adressa à une brochure touffue et confuse : le Discours sur la langue illyrienne ou slavonne et sur le caractère des peuples habitant la côte orientale du golf adriatigue, par M. le chevalier Bernardini, Dalmate, ancien officier supérieur de la marine (Paris, 1823 *). L’ardeur patriotique du chevalier Bernardini réussit à convaincre le Globe « qu’il faut se rappeler que le servien est le dialecte le plus pur de

1 Manque dans la bibliographie de M. Pétrovitch.