"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (са посветом аутора)

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CHAPITRE 111.

respondance pour s’en rendre compte. Beyle n’écrivit jamais une lettre sans la signer d’un nom imaginaire : César Bombe}. Ch. Cotonet, etc. ; il la datait d’ Abeille au lieu de Civita Vecchia et ne désignait ses amis que par des sobriquets mystérieux. La nomenclature de pseudonymes qu’il s’est donnés y compris celui de Stendhal n’en contient pas moins de cent quatrevingt-liuit ; et certainement elle est incomplète. Beyle pillait les revues anglaises sans avouer ses emprunts et attribuait aux autres ses propres écrits. Il admirait les supercheries littéraires et recommandait aux Anglais les Poésies de Clotilde de Surville 1 et le Théâtre de Clara Gazul*. D’après M. Félix Chambon, ces bizarreries voulues n’ont pas d’autre motif qu’une naïve préoccupation de dérouter la police (dont Stendhal se croyait toujours poursuivi). Pour mettre les choses au point, il nous paraît nécessaire de citer une amusante anecdote rapportée par M me Ancelot dans son livre des Salons à Paris, anecdote qui peint à merveille le célèbre Grenoblois : Un soir de bonne heure, comme je n’avais pas encore beaucoup de monde, raconte celte spirituelle dame, on annonça 31. César Bombet. Je vis entrer Beyle, plus joufflu qu’à l’ordinaire et disant : « Madame, j’arrive trop tôt. C’est que moi, je suis un homme occupé, je me lève à cinq heures du malin, je visite les casernes pour voir si mes fournitures sont bien confectionnées ; car, vous savez, je suis le fournisseur de l’armée pour les bas elles bonnets de coton. Ah ! que je fais bien les bonnels de coton ! c’est ma partie, et je puis dire que j’y ai mordu dès ma plus tendre jeunesse, et que rien ne m’a distrait de celte honorable et lucrative occupation. Oh ! j’ai bien entendu dire qu’il y a des artistes et des écrivains qui mettent de la gloriole à des

1 Correspondance de Stendhal, Paris, 1908, t. 11, p. 371. Pourtant, il n’aimait pas la Gitzla. 2 Voir ci-dessus, p. 199.