"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (са посветом аутора)

LES ILLYB.IENS AVANT « LA GUZLA ».

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peut-être le moyen de faire renaître l’amour de cette belle langue nationale, qui a aussi ses classiques et ses chefs-d’œuvre 1 . »-Comme l’a bien remarqué M. Louis Le-ger 2 , Nodier songe ici aux vieux monuments de la littérature ragusaine, dont il a entendu parler, et qu’il confondait avec la poésie populaire, dont il a pu lire un spécimen dans le Voyage en Dalmatie. A cette époque, il connaissait fort bien cet ouvrage, car il en parle dans son premier article, et, dans le troisième et le quatrième, il donne une analyse de la Triste ballade de la noble épouse d’Asan-Aga. Charles Nodier ne savait ni la langue serbo-croate, dont il voulait présenter les chefs-d’œuvre littéraires au public français, ni la langue slovène, parlée à Laybach. Il ne se doutait même pas de la différence qui existe entre elles : ainsi les deux langues ne furent pour lui qu’un seul et même « illyrien ». Il ne resta pas longtemps dans ce milieu, à cette époque plus allemand que slave : neuf mois en tout 3 ; il lui manqua le temps d’apprendre bien des choses sur les indigènes de ce pays-. Mais, malgré son tempérament extraordinairement fantaisiste, Nodier était un homme infatigable, ne copiait-il pas Rabelais pour apprendre le français, et ne lisait-il pas jusqu’à sept épreuves de ses ouvrages 4 ? Le temps passé par lui à Laybach ne fut pas complètement perdu. Il se mit en « nombreux rapports avec ces

1 Cité par M. Matié, Archiv fur slavisohe Philologie, t. XXVIII, p. 324. 2 Nouvelle Revue du 15 juin 1908, p. 447. 3 A Laybach, de la fin de décembre 1812 au 26 août 1813 ; à Trieste, un mois. Au mois de novembre 1813, Nodier se trouvait déjà à Paris et écrivait des articles aux Débats. 4 É. Montégut, Nos morts contemporains, 1.1-. p. 131.