La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

ET LES ASSEMBLÉES NATIONALES. 21

de Paris, ou subordonner à sa garnison particulière, toutes les forces nationales; Paris et sa Commune, alors, conduiraient ou au moins auraient l'air de conduire, .de diriger la défense nationale; le Comité militaire de la Commune — car la Commune s'était donné un Comité militaire (composé de bons bourgeois) — éclipserait le-ministère de la Guerre. Ces intentions, ces prétentions, qui d’ailleurs obtinrent une satis= faction partielle, apparaissent çà et là dans les délibérations du Conseil général. Dans celle-ci, par exemple : « Il sera fait une adresse aux départements pour les engager à envoyer des citoyens au Camp de Paris ». — Le Conseil général ne demande pas au ministère de la Guerre s’il convient ou non à ses plans que toutes les levées d'hommes viennent se concentrer à Paris.

« La Commune relève les estrades des volontaires », s’écrie à cette occasion Louis Blanc. Le mot « relève » nous rappelle que la Commune du 10 août n’a pas inventé l’enrôlement public sur estrades, puisqu'il s'était pratiqué avant elle. L'invention, du reste, n’avait pas exigé précisément du génie. L'enrôlement bruyant, ostentatoire, sur les estrades, ne donnait pas non plus des volontaires plus sûrs que le paisible enrôlement au bureau d’une mairie ou d’une section. Nous avons connu en 1870 de ces volontaires d’estrade qu’on ne pouvait jamais faire partir pour de bon. Louis Blanc ajoute : « La Commune souffla l’héroïsme... », etc.; c’est une métaphore hardie et une affirmation téméraire. — La vérité est que Paris eut un bel élan guerrier, puisqu'il envoya à la frontière 18000 hommes en vingt ou vingt-cinq jours‘; mais il ne faut pas attribuer au Conseil général, à ses 288 administrateurs, le mérite qui appartint à la population, aux volontaires, à leurs

Camp, et sur les volontaires en général, la somme de 850000 francs par mois; avec rétroactivité sur les mois écoulés de l’année 1792. C'était un joli cadeau extorqué d’un coup.

1. Sachons cependant que ces hommes arrivant de Paris, à l’armée, n'étaient Pas ous des Parisiens; il y avait parmi eux des fédérés de la province qui élaient passés par Paris.