La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales
340 LA PREMIÈRE COMMUNE RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS
« On assure qu’un innocent a péri. On s’est plu à en exagérer le nombre; mais un seul, c’est beaucoup trop, sans doute! Citoyens, pleurez cette méprise cruelle, nous l’avons pleurée dès longtemps! Pleurez même les victimes coupables, réservées à la vengance des lois, qui sont tombées sous le glaive de la justice populaire; mais que votre douleur ait un terme, comme toutes les choses humaines! »
« Pleurez les victimes coupables, immolées justement. » Voilà comment, de nouveau, Robespierre condamne Septembre! — Un seul innocent a péri! — Non, avocat Robespierre, c'est justement le contraire. Tous les prisonniers, entendez-vous, étaient innocents ou doivent être tenus pour tels, puisqu'ils n'étaient pas jugés, qu'ils n'étaient encore que des prévenus. Il est étrange qu'après Beccaria, Voltaire et autres, un avocat professionnel, comme vous l’êtes, vienne proférer une si cruelle hérésie.….
« Pleurez cette méprise cruelle... nous l’avons pleurée dès longtemps... mais que votre douleur ait un terme, comme toutes les choses humaines. » Quelle phrase, psychologiquement parlant! Quel trait de caractère dans ce mélange d’une sensiblerie affectée et d’une ironie... si à propos, si convenable dans un sujet horrible. Je tiens que Robespierre était seul capable de trouver cela. — Et il continue : « Gardons quelques larmes pour des calamités plus touchantes. Pleurez cent mille patriotes immolés par la tyrannie. » — On n’a pas besoin pour cela de vous et de vos exhortations. — « La sensibilité qui gémit exclusivement pour les ennemis de la liberté m'est suspecte. » — Mais quels sont donc ceux qui gémissent exclusivement pour les ennemis de la liberté? Nommez-les donc. — « En voyant ces peintures pathétiques des Lamballe, etce., n’avez-vous pas cru lire un manifeste de Brunswick ?.… Calomniateurs éternels! » — Imprudent! quels mots vous venez de prononcer : calomnie, Brunswick! quel souvenir vous réveillez dans notre mémoire !
Robespierre raconte l’abolition du Département. « La com-