La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales
ET LES ASSEMBLÉES NATIONALES. 353
Cambon monte à la tribune: son discours mérite d’être rapporté presque en entier.
Il est arrivé à Paris en 1889, attiré par le succès de la révolution. Une fois à Paris, il a vu qu'il fallait une nouvelle révolution (celle du 10 août). Cette révolution s’est faite, non par ceux qui disent l'avoir faite, mais par le Corps législatif, qui avait licencié une garde conspiratrice, qui avait ordonné le départ des Suisses, qui avait supprimé l'état-major de Paris, qui avait fait partir les troupes de ligne et mis les citoyens à portée de ne rien craindre.
Cambon apprécie très justement ici la part qui, dans la révolution du 10 août, appartient à la Législative et répond aux gens de la Commune qui prétendent se l’attribuer tout entière. « Le Parisien, ennemi de la royauté, vit qu’on lui avait enlevé tous les obstacles, et il renversa la royauté. Des agitateurs voyant la force désorganisée, commencèrent à attaquer le Corps législatif. Ils voulurent s'emparer de la révolution pour en recueillir les avantages. Dès lors, il n'y à pas d'horreur dont le Corps législatif n’ait été le témoin. Dès lors, le Corps législatif a été obligé de prier, non pas le peuple, mais des agitateurs qui voulaient tout massacrer. Un jour vint où Delacroix fut obligé de se mettre à genoux, avec deux de ses collègues. » (Wurmures, rappels à la question.) — Delacroix : « Voici le fait. Des Suisses, qu’on avait cachés, furent mis dans le Corps législatif. Il y avait trente heures qu'ils n'avaient mangé. Quelques agitateurs sur la terrasse des Feuillants voulaient entrer dans le. Corps législatif pour les en arracher. Ils séduisaient le peuple. Couturier, Choudieu et moi nous fümes envoyés pour l’apaiser.. et nous n'y parvinmes qu’en nous mettant à genoux devant eux !. »
Plusieurs membres : « Voilà le peuple de Robespierre, voilà ceux qui nous agitent encore! ».
Cambon raconte ensuite que, dès avant le 10 août, le Corps
1. Sujet de tableau à recommander à un peintre d'histoire. 23