La question du sel pendant la Révolution

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lettre suivante’, qui renseigne assez bien sur sa manière d'envisager la situation :

Citoyen Collègue,

Si tu veux encore sauver une fois le Jura, lis ce que j'adresse au Président de la Convention nationale. Le temps presse.

Un décret de la Convention nationale renvoie à leurs fonctions trois de quatre pleureurs de Capet que j'avais destitués ; ils étaient du Club des Cordeliers qu’il fallut dissoudre par la force après le 10 août. Il avait fourni sept de ses présidents pour Coblentz. Tous deux {sic), liés avec l'aristocratie la plus décriée, le troisième, dénoncé pour avoir soutenu la cause du tyran, était huissier, il a pris la fuite depuis deux mois, il est probable que n'ayant pas même pu obtenir un certificat de civisme, il ne pourra profiter de la faveur du décret.

Celui qui est allé solliciter sa grâce et celle des deux autres, s'était glissé furtivement, depuis le mois de septembre dernier (vieux style), dans la société populaire, dont il a été depuis chassé honteusement pour les faits les plus graves d'opinions anti-républicaines. Je joins ici l'extrait qui en fait la preuve et le tableau de ses dilapidations ; escroc, intrigant et ardent persécuteur des gens de campagne dans l’ancien régime, en qualité de procureur pour le Roy d’une grande prévôté. Sa conduite n’a été qu'un tissu de vexations et de méchancetés ; il n’a eu pour approbateurs que les fermiers des amendes.

Je ne dois point murmurer contre le décret qui les réintègre, mais ma tâche est d’en obtenir le rapport. Il faut se souvenir que c’est dans le Jura, qui avait placé le fanal de la révolte sur ses montagnes pour encourager Lyon, Toulon, Marseille et les Piémontais, que cette scène se passe ; que le fédéralisme, qui n’est qu'un royalisme déguisé, lève déjà sa tête fangeuse et ne parle que de faire repentir les représentantants du peuple de leur républicaine sévérité. Je le dis sans détours, tout est perdu si les opéra-

1 Archives nationales. À F., 11, 112, plaquettte 840. p. 12.