La question du sel pendant la Révolution

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pour le bonheur des peuples et la prospérité de l'empire, il est impossible de dissimuler que votre arrêté du 23 septembre dernier, qui rétablit provisoirement la gabelle, a produit un effet contraire à vos intentions et à l'esprit qui l’a dicté.

«Tous les citoyens éclairés ont senti qu’en décrétant le rétablissement provisoire de la gabelle, vous avez été déterminé par des circonstances impérieuses, et par la difficulté de remplacer, quant à présent, d’une manière effice et générale, un impôt nécessaire pour alimenter le Trésor public et assurer la dette nationale.

« Mais le peuple, incapable d'atteindre à la hauteur de vos idées, et d'en mesurer l’ensemble et l'étendue n’a vu dans votre décret que la conservation d’un régime oppressif, et qui lui est insupportable.

« En vain lui a-ton dit que vous veniez au secours des contribuables en adoucissant le régime des gabelles ; que vous en promettiez une délivrance prochaine ; que le prix du sel était diminué de moitié ;que vous aviez sévèrement défendu ces visites inquisitoriales et tyranniques qui alarmaient les campagnes et jetaient la terreur parmi les habitants ; que vous aviez aboli les peines atroces qui en assimilant le contrebandier à l'assassin, le déterminaient à le devenir;

« En vain lui a-t-on dit que vous aviez supprimé ces tribunaux de sang où des agents du fisc, stipendiés par la ferme et érigés par elle en juges suprêmes de la vie des hommes, dévouaient à la mort ceux qui, avec violence ou port d'armes, tentaient d'introduire une denrée nécessaire ».

« Un cri terrible et universel (sic) de proscription s'est élevé contre la gabelle.» Suit la description du mouvement populaire, que nous avons déjà citée plus haut.

«Le comité général d'Angers, justement effrayé de cette explosion populaire, a vu avec douleur que la proscription de la gabelle allait entraîner celle des autres impôts de l’Anjou, qui s'élèvent à plus de 12 millions; que ce malheur serait extrême et irréparable dans un moment où les besoins de l'Etat nécessitent des secours extraordinaires.

« Il a considéré que l’Anjou se préparait à donner un exemple d’insurrection contagieux pour les autres provinces, et qu'une étincelle pouvait occasionner un embrasement général.

«Il a cru qu’il serait impolitique, et que ce serait compro-