La question du sel pendant la Révolution

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Messieurs,

Nous avons pris en grande considération votre lettre en date du 4 de ce mois, par laquelle vous nous faites part de vos craintes sur les fausses insinuations que des personnes répandent sur la légalité de nos opérations. Peut-être sommes-nous dans le cas de penser que, si des individus trahissent les intérêts de la province, s'ils s’écartent du respect qu'ils doivent à ses décrets jusqu’à les taxer de faussetés nous devons les livrer au mépris qu’ils inspirent.

L'assemblée de notre province s’est tenue avec tant de publicité, elle s’est trouvée si nombreuse, sa délibération a fait tant de sensation dans les provinces voisines, son vœu sur l’abolition de la gabelle, et son remplacement par une prestation pécuniare, a été si général, que nous avons lieu d’être surpris des doutes qui se sont élevés.

L'expédition du procès-verbal de l'assemblée du six octobre, qui vous ont été mis en mains, est votre titre de créance. Aucun particulier ne peut en attaquer l'authenticité, sans manquer à tous les égards qui vous sont dus, comme citoyens et comme députés.

Nous ne pouvons envoyer les actes originaux que vous demandez parce que nous en sommes dépositaires, et que nous ne pouvons nous en dessaisir sans commettre un abus de confiance.

Si cependant, Messieurs, vous vous apercevez, que le comité de finances, ou l’assemblée nationale aient quelque soupçon sur la légalité du procès-verbal (ce que nous ne pouvons, ni ne devons penser), alors, demandez fortement que l’on vous représente les pièces tendant à calomnier notre opération. Exigez les preuves par écrit, et les protestations que l’on prétend avoir été faites.

Sollicitez, Messieurs, de l'assemblée nationale, que dans ce cas elle nomme une commision dans cette ville pour vérifier nos procès-verbaux, afin que le résultat relève notre honneur et confonde les coupables et les traîtres.

Voilà, Messieurs, la seule marche qui nous convienne.Poursuivez votre honorable mission, et dédaignez les gens en-