La révolution française à Genève : tableau historique et politique de la conduite de la France envers les Genevois, depuis le mois d'octobre 1792, au mois de juillet 1795

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1°, Oter aux plus honnêtes d’entre les Adminiftrateurs fes collègues la confiance de la populace, en les accufant d’un concert fecret avec les riches, ou, tout au moins, de lâches ménagemens pour eux. 2°, Sufpendre les autorités conftituées, ainfi que l’Af fembiée du Peuple elle-meme, pour inveftir de tous les pouvoirs fes principaux partifans, fous le titre de Gouvernement Révolutionnaire. 3°, Conduire, du premier abord, fes partifans au pillage, & ériger un Tribunal qui cimentât cette nouvelle révolution, en verfant du fang au nom de la liberté, afin que la brêche fût irréparable, & que fes affociés ne puñfent plus reculer dans la carrière qu’il allait leur ouvrir. 4°, Mettre également dans toutes les claffes, la terreur à l’ordre du jour, afin de glacer à la fois tous les courages, & que le petit nombre püût impunément dominer le plus grand. 5°, Enfin, avilir le culte ! religieux,

Cet épouvantable édifice a été élevé dans une feule nuit. Son architeéte n’avait pas en effet de temps à perdre pour pouvoir en jeter les fondemens: il lui fallait abfolument devancer le jour où l’on allait propofer à l’Affemblée du peuple,

de nouvelles contributions fur les riches, puifque | ces contributions (ñ elles étaient acceptées, comme on n’en doutait pas) devaient Ôter tout prétexte de clameurs contre ces derniers, & rendre à l’adminiftration la force qu’elle rifquait de perdre par l’épuifement rapide des finances publiques.

C'eft alors que Boufquet, après avoir excité les alarmes de la populace, en femant des bruits fom-

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