La révolution française à Genève : tableau historique et politique de la conduite de la France envers les Genevois, depuis le mois d'octobre 1792, au mois de juillet 1795
ERSS6" 1 rendre compte d’un vüide confidérable dans les finances.
Quoi qu’il en foit, ce Gouvernement ne fit rien pour empêcher Îles attentats qui fe commirent, ni même pour en diminuer l'horreur & l'étendue. Elles furent fans bornes. Dans cette invañon noéturne les Genevois fe feraient crus pris d’affaut par des ennemis étrangers, fi le pillage des provifions de bouche, du numéraire, & même de la vaifiélle, né s'était pas exécuté avec une telle connaiffance des dépôts, qu’ils comprirent bientôt que parmi ces affaillans fe trouvaient plufeurs de leurs propres compatriotes. L’expédition de ces derniers fe fit avec ordre, fe prolongea fans obftacle, & s’acheva fans la moindre réfiftance. Leurs petites bandes armées n’exhibaient aucun ordre, mettaient les fcellés fur ce qu’eilés ne pouvaient point emporter, & n’oublièrent pas d’envelopper dans leurs arreftations perfonnelles, beaucoup de citoyens obfcurs & pauvres. Telle fut la fureur aveugle & barbare de ces vifites domiciliaires, qu’au milieu des chaleurs les plus brülantes, on traîna, on entaffa dans les prifons jufqu’à des vieillards hydropiques, & des malades attaqués de fièvre maligne. Cette œuvre de ténèbres fut exécutée en peu d’heures, par une centaine de brigands, moitié Genévois, moitié étrangers; &, comme Boyfquel s'y était attendu, le fuccès lui affocia, dès le lendernain, tout le refte de la populace, tous les hommes lâches & faibles, & même un certain nombre d’honnêtes gens, qui fe flattèrent encore d’arrêter ces forfaits en ne fe féparant