La révolution française à Genève : tableau historique et politique de la conduite de la France envers les Genevois, depuis le mois d'octobre 1792, au mois de juillet 1795
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conftamment tant de raifons de s’honorer. De crainte de laiffer échapper les plus refpectables de ces eccléfiaftiques, on les Don Re dans la chaire des temples, où, maloré qu’on les menaçât de toutes parts du fort que les Prêtres Français fubirent à Paris le 2 Septembre, ces héros de la Religion Proteftante avaient eu le courage d’aller invoquer le Dieu de paix fur leur patrie déchirée. C’ett ainfi que s’exécuta dans toute fon étendue, l’internale fentence qu'avait prononcée Briflot: La Révolution fe fera à Genève, ou celle de France doit rétrograder. L
Au fein de tant de barbarie percèrent cependant quelques traits d'humanité, qui prouvent que le caraétère Genevois ne pouvait s’éteindre que par degrés. C’eft ainfi qu’on entendit des révolutionnaires avouer, en pleurant, aux prifonniers dont on leur ordonnait d’être les acoliers, Qu'ils étaient bien moins à plaindre qu'eux, & qu'ils enviaient fincèrement leur fort. Mais tout efpoir & tout moyen de réliftance difparaiflaient déjà devant les moyens terribles de ceux qui avaient commencé le combat avec tout le cou rage qu’infpirent les ténèbres, & qui s'étaient hâtés d’affurer leur vi@ôire par un défarmement coIee. Frappées de la flupéfattion univerfelle qui s’empara alors de tous les citoyens, les femmes feules s’ébranlèrent & tentèrent au nombre d'environ deux mille une démarche en corps pour obtenir la libération des prifonniers, en défarmant le nouveau Tribunal au moins par leurs larmes. 11 les repoufla fans violence, mais avec une ironie qui le peint mieux encore: il fit approcher les pompes à incendie, & les menaça d’un Zaptême civique.