La Révolution française (1789-1815)

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gouvernement réel, et non plus d'une direction politique intérimaire comme celle du Conseil exécutif provisoire après Le 10 août.

Cette création difficile ne pouvait être concue collectivement par une Assemblée, car elle exigeait non-seulement l'action d'une intelligence supérieure, mais tout l'effort d'un véritable génie politique.

En effet, pour établir ce gouvernement il fallait avant tout s'assurer de Paris, des grandes villes, de la minorité républicaine en un mot, pour défendre la France en quelque sorte malgré elle, et lui imposer la République en faisant précisément le contraire de ce que prescrivait cette doctrine révolutionnaire universellement adoptée parles esprits avancés; c’est-à-dire qu'il fallait constituer un gouvernement très-intense, une dictature inflexible comme fut celle du Comité de Salut public, dans une situation qui, en principe, ne voulait pas de gouvernement et préconisait la libre action des communes et même des individus.

L'opinion de Marat, en poussant à l'extrême les conséquences de ce principe, en fait comprendre tout le danger: « Il est faux, disait-il, que la souveraineté du Peuple soit indivisible. Chaque commune de la République est souveraine sur son territoire dans les temps de crise, et le Peuple peut prendre les mesures qui lui conviennent pour son salut, »

Si, au lieu de suspendre l’autonomie des communes en matière de défense nationale, on eût appliqué le principe de Marat, la France était perdue,

Toutes les élections qui eurent lieu à cette époque (sans parler de celles que nous avons vues depuis), même celles de la Constituante, de la Législative et de la Convention, confirment ce fait fondamental que la masse de la popu-