La Révolution française (1789-1815)

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cien régime, ignorant, surtout en portique, égoïste et fort éloigné du point de vue social, prêt à subir bien longtemps encore la rude main qui le flagellait depuis tant de siècles, à renier et frapper les grands citoyens qui, au prix de leur sang, venaient de lui enlever ses chaines (1).

Ce qui illusionne plus complètement encore, de nos jours, sinon d'une manière aussi justifiable, les successeurs des métaphysiciens de 1789, c'est leur persistance à conserver et à appliquer la théorie démocratique malgré les lecons de l'histoire, et à ne pas vouloir ou pouvoir franchir le pas de l'ancienne à la nouvelle mentalité, en remplacant les fictions théologiques et métaphysiques préliminaires et transitoires par les principes positifs ou scientifiques, seuls définitifs ; à ne pas vouloir ou pouvoir reconnaître, par exemple, qu'il n'y a qu'une souveraineté normale, qu’une autorité légitime, extérieure à l’individu, et s imposant inéludablement aux choses, aux personnes et aux peuples : la science universelle, ou l'ensemble des lois naturelles et des conditions multiples de tous les phénomènes comme de tous les êtres, lois cosmologiques, lois biologiques, lois sociales et lois morales.

Un esprit aussi fort que celui de Danton avait sans contredit l'instinct de cette légalité réelle et immuable quand il tournait la difficulté immense offerte par la légalité métaphysique qui prévalait alors, pour la subordonner à la force des choses, aux nécessités fondamentales de la situation complexe et vraiment terrible où il se

4. À moins que les choses n'aient bien changé depuis quelques mois, on peut dire qu'il n’y a peut-être pas un paysan, en France, qui ait gardé et qui honore la mémoire d’un Danton, d'un Carnot, d'un Hoche, d’un Cambon, ou d'un Robert Lindet ; et qu'il n’y en a pas un, au contraire, qui n’ait ou n’ait eu à son foyer quelque image des Bonaparte.