La Révolution française (1789-1815)
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chercha pas à arrêter l'Assemblée dans ce revirement et sembla plutôt s'abstenir (1).
Fait grave à tous les points de vue, puisqu'il augmentait, en lui abandonnant des éléments de résistance très vigoureux, la force du futur tyran, et qu'il cédait sur une question capitale pour l'achèvement de la Révolution.
Il aurait dû, si toutefois la chose n’était pas impossible, en restreignant seulement l’action de la Commune au lieu de la laisser frapper, c'est-à-dire en la faisant rentrer dans ses attributions légales et lui imposant le respect de la liberté des cultes, stipuler formellement que cette liberté appartiendrait au même titre à la religion civile, au culte de la Raison, qu'au catholicisme lui-même, et exiger, d'autre part, la suppression de tout appui ou tolérance de la part de l'Etat, envers la religion catholique, comme envers les cultes protestant et juif.
La difficulté, ici, était toute intellectuelle, quoique d'ordre politique : elle provenait encore de ce que la théorie du gouvernement des sociétés, ou la science sociale, n'avait point suffisamment dégagé le principe fondamental de l’organisation du régime moderne : la séparation du spirituel et du temporel, condition exclusive de la liberté de conscience.
Absolument confondus dans l'antiquité, séparés au
1. Dans une occasion toute récente, le 3 décembre 1193, aux Jacobins, se voyant en butte à la défaveur du parti républicain, par suite de la déviation démocratique, l'homme d'Etat de la Révolution avait dû se laisser défendre par Robespierre contre les imputations odieuses que celui-ci faisait lui-même circuler dans les masses par ses agents ef par ses journaux, notamment par le Père Duchesne, alors tout dévoué à l’Incorruptible.
Danton dut reconnaître amèrement, à cette heure même, la
faute qu’il avait commise en refusant d'entrer au Comité de Salut public.