La Révolution française (1789-1815)
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En effet, les Girondins étaient tous plus ou moins coupables de trahison en face de l'ennemi. Is revenaient, | en outre, avec l'exagération des défauts politiques qui avaient nécessité leur expulsion, et leur rappel servait de prétexte à la rentrée d'une foule d'autres réactionnaires.
Hs furent donc bien réellement un nouvel élément de perturbation dans l'Assemblée, si menacée déjà de désagrégation, et l'occasion d'un changement fâcheux dansson orientation générale. Les Girondins apportèrent, en effet, à ce que l’on appelait la plaine, c’est-à-dire à la majorité, qui, alors, n'était pas encore décidément rétrograde, une impulsion qui la fit réagir beaucoup trop violemment; car aussitôt après leur rentrée, elle alla, d'un saut, jusqu'à proscrire Cambon (1°* avril 1795, à propos de l’insurrection du 42 germinal)! — Du reste, Robespierre avait tellement exaspéré tous ses collègues qu'ils finirent, en haine de lui et des siens, par se montrer aussi modérés et tolérants envers les royalistes qu'injustes et violents à l'égard des jacobins, c'est-à-dire des républicains. C'est ainsi que la Convention devint si rigoureuse contre les insurrections révolutionnaires et si clémente pour celles des monarchistes. Et c'est ce qui amena, d'après la complicité incontestable des Girondins avec les royalistes, l'épouvantable système de représailles qui sévit de l'an IT à l'an V, par toute la France, particulièrement dans le Midi, et qui porte le nom de réaction thermidorienne où plus justement celui de terreur blanche (1).
Seules, cette décadence rapide de la grande Assemblée et cette transformation inouïe prouveraient, contrairement au prétendu axiome démocratique, ce que vaut, en
4. Voir, aux Archives nationales, lesinnombrables documents de cette douloureuse histoire, et ce que nous avons déjà dit au paragraphe vit de ce travail.