La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui

LA RÉVOLUTION ET LA QUESTION SOCIALE 91

n’était pas socialiste, c’est entendu : mais trouver dans un de ses principaux discours une théorie de la propriété dont un collectiviste pourrait aisément tirer avantage, c’est, à coup sùr, intéressant, et cela prouve peut-être qu'au fond de sa pensée, à son insu, mais peu importe — il n’y avait pas très loin de la Révolution commencée à une autre, de la révolution politiquement et socialement bourgeoise à une révolution tout à fait sociale. Et Mirabeau, c'était, on en convient g'énéralement, n'est-ce pas ? la plus forte tête et non pas seulement la plus forte « gueule » de la Constituante.

« Il n’est aucun acte législatif, disait-l, qu'une nation ne puisse révoquer… Elle peut changer, quand il lui plait, ses lois, sa constitution, son organisation et son mécanisme ; la même puissance qui a créé peut détruire, et tout ce qui n’est que l'effet d'une volonté générale doit cesser dès que cette volonté vient à manquer. ».

Comment la propriété individuelle serait-elle, plus qu'aucune autre, au-dessus de cette volonté générale ? Ou bien, comme Thouret l'avait ingénieusement exposé, elle est antérieure et supérieure aux lois, ou bien, si tout dérive et dépend de la souveraineté nationale, elle en dérive et dépend elle-même, et elle n'existe donc que si la nation le veut.

Mais se füt-il dérobé à cette conséquence ? Il définissait la propriété « en général » : « le droit que tous ont donné à un seul de posséder exclusi-