La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui
LA RÉVOLUTION, LA PATRIE ET L'HUMANITÉ 103
est dissoute (4)... ». Dissoule ! C'est effrayant ! Et surtout pour notre humble raison, obligée de concilier cette idée de dissolution avec celle d'un faisceau solidement lié. Maïs nous n’avons pas de temps à perdre. Allons aux faits.
Comme on l’a très bien dit, la France, en 1789, était une monarchie centralisée, mais non pas unifiée. Cette monarchie aurait bien voulu s’unifier; elle n'avait réussi peu à peu qu’à créer un gouvernement central, au centre duquel était le roi. Celui-ci, soi-disant absolu, avec ses Ministres et ses Conseils autour de lui, relevant de lui seul, gouvernait le royaume par ses intendants, qu'il nommait ou révoquait à son gré; mais le royaume, sous cette belle apparence d'unité administrative, offrait le spectacle le plus disparate, le plus bigarré. l
Je l’ai fait sentir en parlant de la création des départements par la Constituante.
On se représente trop souvent la France d'avant cette création comme un ensemble de provinces bien distinctes, ayant chacune sa vie propre, sortes de petites patries dans la grande, ou plutôt, à elles toutes, et malgré la personnalité de chacune, composant cette grande patrie, une en somme, avec son roi au sommet, pour ainsi dire. C’est une forte illusion rétrospective.
Non seulement un des rares historiens qui aïent pris la peine d'étudier cette France de l’ancien
(1) Pp. 108-109.