La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui
LA RÉVOLUTION, LA PATRIE ET L'HUMANITÉ 119
La guerre était naturellement devenue, à peine commencée, la guerre de prosélytisme qu'avaient . rêvée les Girondins.
Naturellement, aussi, — ajoutons-le, — ou plutôt fatalement, elle avait déjà pris un caractère de violence oppressive. Dissimulée sous l'apparence d'un plébiscite, l’annexion de la Belgique à la France (février 1793) avait été, de fait, un acte de force ; et cette conquête brutalement hypocrite nous prouve, hélas! qu'il est bien difficile au patrictisme le plus légitime, le plus noble, comme était celui de la France à cette époque, de ne pas se laisser enivrer et dépraver par la victoire,
Et si, tout de suite, elle l’altéra, les défaites de 1793 eurent cet autre effet déplorable de rendre la Terreur nécessaire; mais, la Terreur, j'en ai assez parlé pour n'avoir plus à y revenir. Et je suis heureux de pouvoir conclure sur ce point en invoquant l'autorité d’un des « maîtres de la contrerévolution », Joseph de Maistre. Il n’y en a pas de plus haute, je crois, du côté de nos adversaires. Or, en 1796, dans ses Considéralions sur la France, ce royaliste théocrate déclarait : 1° Que « la coalition» ne se proposait pas uniquement de rétablir Louis XIV dans ses droits anciens, mais «en voulait à l'intégrité de la France » ; et 2° Que celle-ci ne pouvait être sauvée « que par le jacobinisme ».
Mais je veux lui laisser toute l'originalité de sa parole.