La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui
LA RÉVOLUTION, LA PATRIE ET L'HUMANITÉ 123
Et avant même qu'il y eût des départements, des districts, avant que la Constituante eût pu songer à organiser le royaume, l'union spontanée de ces communes, union qui aboutit aux fédérations de 1790, nous a apparu comme un des plus grands gestes de la Révolution (1).
La guerre amena la Convention à subordonner tous les pouvoirs locaux au Comité de Salut public et au Comité de Sûreté générale {décembre 1793); il y eut alors, nommés par la Convention ellemême, près les districts et les communes, des agents nationaux, qu'avaient déjà précédés dans les départements des représentants en mission. Mais peut-être, — je dis peut-être, — dans la pensée des Conventionnels (de la majorité d’entre eux), tout cela devait-il disparaître avec la guerre. La Constitution votée quelques mois auparavant, cette Constitution montagnarde de juin 4793, qui ne fut jamais appliquée, mais qui joua, dès 1795, dans l'imagination populaire démocratique, et, plus tard, sous Louis-Philippe et en 1848, dans le parti républicain d’extrême-gauche,unesorte derôlemystique, — le rôle d’une espèce d’évangile, — n'était pas moins décentralisatrice que celle de 1791.
Le fait est, au surplus, que la réaction thermidorienne (ou girondine) supprima les agents nationaux, et rétablit (mars 1795) les assemblées de département, qu'avait supprimées le décret centralisateur de décembre 1793.
(1) Voir ma première conférence.