La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui

LA RÉVOLUTION ET L'ÉGLISE 47

En 1693, il fit sa soumission dans une lettre à sa « Béatitude », à sa « Sainteté » Innocent XII. La Déclaration de 1682 n’en restait pas moins acquise à l'histoire. Louis XV alla d’ailleurs l'y quérir, ordonna de l'enseigner de nouveau dans les séminaires; et elle n’était que trop vivante dans la pensée des Constituants, lorsqu'ils discutèrent et votèrent la Constitution civile du clergé, au lieu de discuter et voter la loi qu'il eût fallu faire, je le répète, loi de liberté réciproque pour l'Église et l'État, la loi de séparation que la Déclaration des Droits de l'Homme, aussi bien, semblait commander. André Chénier avait raison d'écrire (octobre 1791) : « Est-ce en créant un corps de prêtres qui pourront se dire persécutés que l'on espère les rendre peu redoutables ?... » On ne sera tranquille que « quand l'Assemblée nationale aura maintenu à chacun liberté entière de suivre et d’inventer telle religion qu'il lui plaira; quand chacun paiera le culte qu'il voudra suivre, et n'en paiera point d'autre. Et si des membres de l’Assemblée nationale disent encore que toutle peuple français n’est pas assez mûr pour cette doctrine, il faut leur répondre : « Cela se peut, mais c'est à vous à nous mürir par votre conduite, par vos discours et par les lois.… (1). » Mais il était déjà trop tard, ou il était encore trop tôt, pour revenir sur ce qu'on avait fait: on eùt semblé capituler devant

(1) Moniteur du 22 octobre 1791.