La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui
LA RÉVOLUTION ET LA QUESTION SOCIALE 69
d'idéologie, ces diverses causes sociales d’un événement qui fut, d’abord, social, avant tout.
Si j'en avais le temps, je me ferais un devoir, il est vrai, de distinguer entre eux: il y a, chez Michelet, d'admirables percées économiques, pour ainsi dire; et Louis Blanc s’est montré fort attentif à un ordre de phénomènes qui ne pouvaient guère ne point passionner un socialiste comme lui. Mais enfin, ce socialiste lui-même était à moitié un mystique : mystique jacobin, idolâtre de Rousseau et de Robespierre, et dupe, autant que personne, sinon plus, de l'illusion qui fait de la Révolution une sorte de champ de bataille posthume pour les influences rivales de Voltaire et de Jean-Jacques.
N'y eut-il pas, selon lui, deux révolutions successives ? « L'une, dit-il, marquée à l'empreinte de Voltaire, sera aisément victorieuse et presque aussi semblable à une fête qu’à un combat; l'autre, issue de Jean-Jacques, n'aura qu’une majesté funèbre et finira par une catastrophe (1). » Des mots ! des mots! Car la Révolution est déjà tout entière dans la Déclaration des Droits de l'Homme et du Ciloyen (août 1789); et si l’on voulait voir dans cette Déclaration, non pas ce qui s’y trouve, la pensée même du Tiers à cette date, mais une œuvre de disciples, à quel maître penserait-on justement? À Voltaire ou à Rousseau ?
Mieux, certes, que Michelet — ou Edgar Qui-
(1) Histoire de la Révolution française. — Deux révolutions. — (La catastrophe, c'est le 9 thermidor).