La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815
ANNEXES 315
à l'exemple de celle d'Angleterre ; leur orgueil se nourrit de l'espérance de n'être plus confondues dans la foule des gentilshommes... Le tiers se gardera par-dessus tout, d’un système qui n6 tendrait à rien moins qu’à remplir sa Chambre de gens qui ont un intérêt si contraire à l'intérêt commun, d’un système qui le replacerait dans la nullité et l'oppression. Il existe, à cet égard, une différence réelle entre l’Angleterre et la France. En Angleterre, il n’y a de nobles privilégiés que ceux à qui la constitution accorde une partie du pouvoir législatif.
Tous les autres citoyens sont confondus dans le même intérêt ; point de privilèges qui en fassent des ordres distincts. Si donc on veut, en France, réanir les trois ordres en un, il faut auparavant abolir toute espèce de privilège... Sans cela, vous aurez beau réunir les trois ordres sous la même dénomination ; ils feront toujours trois matières hétérogènes impossibles à amalgamer..... Et c’est dans cette vue, la seule bonne, la seule nationale, que le tiers ne se prêtera jamais à la confusion des trois ordres dans une prétendue Chambre des communes. »
Sieyès. Qu'est-ce que le tiers état ? (1788) $ 6: On propose dimiter la constitution anglaise, édi- : tion de la société de la Révolution française, 1888, p. 59-60.
Plus loin Sieyès poursuit ($ 7) :
« La constitution britannique est-elle bonne en elle-même ? Lors même qu’elle serait bonne, püt-elle convenir à la France ? »
Et, 1°: il la trouve mauvaise : « Ouvre du hasard et des circonstances bien plus que des lumières ». Sa Chambre haute : « monument de superstition politique. »