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“0 ï) ! 5 JOURNAL POLITIQU Paraissant tous les Dimanches Rédacteur en chef: D" Lazar Markovié, professeur à l'Université de Belgrade

RÉDACTION et ADMINISTRATION 69, rue du XXXI Décembre - Genève Téléphone 14.05

E HEBDOMADAIRE

HERTLING ET K

Le 29 novembre, le nouveau chancelier

se présente au Reichstag avec un discours-

programme où il expose tous les problèmes concernant la politique extérieure et intérieure de l'empire. Le lendemain à la commission du Reichstag, le secrétaire d'Etat aux affaires étrangères prend la parole à son tour. Les deux orateurs tendent au même but : gagner la confiance du Reich-

- stag et induire en erreur l'opinion publique

dans le pays comme à l'étranger. Pour arriver à cette double fin, ils font des discours où la mauvaise foi s’unit à la ruse pour travailler ensemble à travestir la vérité. Le nouveau chancelier tient à créer lillusion qu’il y a quelque chose de changé en Allemagne, et que ce pays évolue dans le sens libéral et démocratique. A cet effet il voudrait se montrer large et fait des concessions et des promesses multiples et importantes concernant des réformes à réaliser. De son côté, M. Kuhlmann, pour le compléter, fait son possible pour démontrer que l'Allemagne est en voie de réaliser un programme libéral, tandis que la France et l'Angleterre s’acheminent vers la dictature. « En France, dit-il, la volonté opiniâtre de continuer la guerre s’incarne dans la personne de M. Clémenceau qui forme son cabinet sur une base absolutiste et annonce une répression sévère contre”tout mouvement pacifiste. En Angleterre le parti «de la guerre » a élevé Lloyd George sur le pavois et lui a accordé les pleins pouvoirs, faisant de lui un véritable dictateur, en dépit des

Donc il n’y a guère sur le continent de pays démocratique hors l’Allemagne ou mieux la Prusse. C’est toujours elle qui se trouve à la tête des nations. Et c’est peut-être pourquoi M. Kühlmann ne se donne pas la peine de nous expliquer comment ce pays a pu faire un bond pareil et passer d’un extrême à l’autre: hier encore autocratie ; aujourd’hui démocratie pure. Quant à nous, il nous semble que l'Allemagne est encore bien loin d’une démocratie véritable, et nous ne sommes pas les seuls à avoir cette opinion. Les journaux neutres, Pour ne parler que de ceux-là, ne montrent guère plus de confiance dans l’évolution intérieure de l'Allemagne.

Mais c’est surtout dans leurs exposés fallacieux de politique extérieure que les deux hommes d'Etat allemands rivalisent. Bien entendu, cest encore M. Kühimann qui bat le record. Ainsi, tandis que le comte

- Hertling se contente de rendre les Alliés responsables de Îa continuation dela

guerre en leur reprochant d’avoir décliné l'offre pontificale, M. Kühimann n'hésite pas à parler des origines même de la guerre, répétant la fable de la mobilisation russe. Il ne se gêne pas de désigner comme les seuls coupables du conflit actuel « les bureaucrates et les parasites russes »” oubliant comme à dessein lultimatum autrichien à la Serbie qui précéda la mobilisation. Tous les deux, le chancelier comme son alter ego M. Kühlmann, se font en cette occasion un plaisir de jeter chacun une pierre dans le jardin de M. Sonnino, qu'ils

dénoncent comme l'ennemi le plus acharné

de la paix. On l’accuse d'être opposé au désarmement général, lequel, paraît-il, serait déjà une chose faite sans l'opposition italienne! On découvre à ce propos «le

_militarisme ennemi » représenté par le re-

l

doutable trio: Sonnino, Clémenceau, Lloyd George. Quant au militarisme allemand, il n'existe pas, prétend le chancelier. Cela n’est qu'un bavardage, une fable, et il est temps qu’on cesse d’en parler. Lorsqu'il s’agit de dénaturer les faits et de nier la vérité, le successeur de Bismarck et son « briljant second » ne s’embarassent pas de scrupules. N’était-ce pas Bismarck lui-même qui a dit autrefois qu'on ne ment jamais autant qu'avant les élections, après la chasse et pendant la guerre ?

Pourtant c’est la partie des discours ayant rapport à la Russie qui est la plus intéressante. Elle projette une lumière abondante sur la situation de ce pays et prouve que Cest surtout sur l'anarchie russe que l’Allemagne fonde en ce moment toutes ses espérances. Le comte Hertling a parlé de «sa sympathie» pour la révolution dont la Russie est le théâtre et il conclut: « Pour nous il n’y a qu'un mot d'ordre: attendre, résister et tenir. » Et M. Kühlmann: « Nos regards sont avant tout dirigés vers l’est. » Donc, malgré « les exploits surhumains » de larmée allemande, l’Allemagne pour obtenir la victoire ne compte plus sur son armée, mais sur la défaillance et la lâcheté de ses ennemis ! |

Et voilà comment elle entend prendre sa revanche des services que les défaitistes de Pétrograde lui rendent en trahissant le pays.

« Dans les négociations éventuelles avec la Russie, l'Allemagne ne s'écartera pas des principes d’une ferme politique fondée sur les réalités ». C’est donc la fameuse « carte de guerre » qui entre de nouveau en jeu et qui sera servie aux Russes. Telle est la ligne de conduite de l'Allemagne « démocratique » vis-à-vis de la Russie pacifiste et révolutionnaire!!!

M. D. M.

Les Lions

La première page du « Moniteur officiel » de ce matin était une page d'épopée : elle contenait les noms et les principaux exploits de quelques officiers serbes décorés du plus haut ordre militaire roumain, Michel-le-Brave. On lit ces citations officielles, dont les mots mêmes sont brûlants d'héroïsme, avec une admiration stupéfaite et poignante pour les merveilles de bravoure accomplies par ces lions. Et l'on sent que la brève citation n’est qu'un résumé forcément incomplet des prouesses de chacun des militaires serbes décorés ; on sent grouiller, sous la phrase synthétique officielle, un multiple fourmille-

ment d’exploits petits et grands, capitaux et secon-,

daires, mais tous sauvagement héroïques, tous superbement et également dédaigneux de la vie et de la mort.

L’un de ces Serbes,ile colonel Jivan Mitrovitch, a conservé ses positions « sous le feu meurtrier de l'artillerie lourde ennemie et a repoussé l'attaque de forces ennemies beaucoup supérieures en nombre. Grièvement blessé, il est resté à son poste de commandement. »

L'autre, le colonel Velibor Trebinatz, « fait preuve des mêmes qualités militaires, repousse avec énergie les lattaques de l'ennemi; grièvement blessé, reste à la tête du régiment et le dirige dans tous les combats suivants. » .

Un autre, le lieutenant-colonel Radossav Jivkovitch, « s’est distingué dans les combats du 25 août et des 5 et 6 octobre, quand il s’est élancé en chantant à l'attaque avec son bataillon. » Lui aussi, il est blessé au champ d'honneur.

Un quatrième, le lieutenant-colonel Alexandre Stankovitch, a repoussé une forte attaque de l’ennemi, 4 contre-attaqué, occupé ses positions et repoussé le même jour plusieurs attaques livrées par des forces ennemies supérieures en nombre. Lui aussi grièvement blessé au champ d'honneur.

Et voici le commandant lovan Kostitch, qui re-

!

UHLMANN

| tor» de Boston, à la déclaration du ministre

Î

Genève, Dimanche 9 Décembre 1917

Suisse:...... 6 fr. — par an

ar) ABONNEMEN Autres pays. 9fr.— »

ERSATZ-POLITIK

Il n'y a plus de doute, l'Allemagne fait | des efforts sérieux pour entrer dans la Sociéte des Nations. M. Clémenceau lui ayant fermé la porte à l'occident, elle se tourne vers l'orient pour chercher des amis parmi ceux à qui sa société ne répugne pas: Les

.Bolchevikis sont tout indiqués pour être les

nouveaux anis des Allemands. Et pourquoi pas ? Quand on a longtemps coudoyé les

Jeunes-Tures, les Magyars et les Bulgares

on n'hésite plus à lier partie avec les anarchistes et maximalistes de Pétrograde. Il n'y a pas de degré du mauvais au pire, comme dit le poète : On peut trouver quand même quelque peu étrange de voir le successeur de Bismarck tendre la main à M. Trotzky, qui n'a pas encore purgé la peine de prison à laquelle il fut condamné par les tribunaux prussiens. Mais la nécessité ne connaît pas de loi, et les Allemands n'étant pas rancuniers ne regardent pas de si près. Les temps sont durs surtout pour les chanceliers allemands. Il ne faut donc pas s'étonner outre mesure de voir M. Hertling faire la grimace nécessaire pour ôter toute velléité de résistance aux braves gens qui se proposent de trahir leur patrie.

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pousse toutes les attaques, contre-attaques et occupe à son tour les positions ennemies, le commandant Vorà Maksimovitch, qui prend des dispositions si bonnes que, le lendemain, la division serbe remporte la victoire. Bien que chef de l'état-major de cette division, après avoir élaboré le plan de la bataille, il était parmi les soldats, dirigeait le combat. Et voici le commandant Bochko Tosskitch, qui attaque « avec un courage et une maîtrise remarquables. » Il est blessé au bras droit et à la poitrine, on panse ses blessures, il reprend le commandement du bataillon, attaque de nouveau les positions ennemies, les occupe, les organise pour la défense. Quelques jours après, toujours blessé, il pénètre « héroïquement », dit la citation, dans le village d’Amzaces.

Et voici enfin un simple sous-lieutenant, Franja Balathe, qui, dans les combats du 5 septembre en Dobroudja, a sauvé une batterie roumaine menacée d'être prise, et qui « s’est distinguée tout spécialement » dans tous les combats. Se distinguer spécialement parmi de pareils guerriers !

Héros de légende, lions serbes, l'admiration sans bornes, la reconnaissance et l'affection de tout un peuple frère, pour lequel vous donnez votre sang, vous entourent comme une invisible muraille.

Puisse-t-elle vous protéger dans tous les combats, afin que, la guerre finie, il puisse vous prouver, d’une façon digne de vous et de lui, et son admiration, et sa reconnaissance et son affection!

(L'Indépendance Roumaine).

La Buigarie et ses buts de guerre

_ Le ministre de Serbie à Washington a répondu selon le «Christian Science Moni-

Panaretoff, sur la prétendue bonne foi de la Bulgarie.

La présence du ministre de Bulgarie Panaretoff en Amérique, a dit M. Michaïlovitch, est une menace. Répondant à la récente interview de M. Panaretoff, dans laquelle il a déclaré que la Bulgarie s’est jointe aux Teutons parce que le kaiser fit une offre plus avantageuse et qu’elle est déjà prête à la paix, M. Michaïlovitch dit que les Alliés devraient prendre en <« considération ce danger ».

« Ce système des personnalités officielles ennemies en pays neutres et alliés, qui jouent un rôle de circonstance pour se conformer aux sentiments du pays dans lequel ils résident, montre avec combien peu de scrupules ils agissent et avec quelle confiance nous devons les recevoir. Le simple fait qu'ils sont capables d’agir ainsi pré-. sente un danger et je pense qu'il est temps

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SAR Le

“ Nous ne demandons pas mieux, dit le Chancelier, que de reprendre les anciennes relations de bon voisinage, en particulier au point de vue économique., Voilà une vérité qu'il ne faut pas méconnaître. On ne demande aux Russes que la permission de les tondre à nouveau.

“ Dans les propositions actuellement connues du gouvernement russe, poursuit le Chancelier, on peut trouver « des principes » discutables pour ouvrir des négociafions. ,

Et M. Kuhimann ajoute de son côté : “ Les principes exprimés par les dirigeants actuels de Pétrograde paraissent de nature à garantir les intérêts vitaux et durables de deux grandes nations voisines : la Russie et l'Allemagne. ,

En fait de principes, ceux des Allemands, appliqués en Belgique et en Pologne par exemple, ne diffèrent guère de ceux des maximalistes. Le partage des terres ne ressemble que trop à l’expropriation forcée de terres polonaises en Prusse et les banques belges connaissent depuis longtemps déjà le régime de confiscation de la monnaie qu'on pratique actuellement en Russie.

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que les Alliés tiennent compte de ce danger. »

Le ministre de Serbie a dénoncé la décaration de M. Panaretoff, suivant laquelle la Bulgarie aurait préféré combattre aux côtés des Alliés. « Pendant que le roi de Bulgarie, le gouvernement et le parlement bulgares ne cessaient pas de prêcher leur amitié pour les puissances centrales, le représentant officiel de la Bulgarie déclare ici qu’elle n’a pas un amour particulier pour les centraux.

« Et il ose dire cela dans un pays où se trouvent les représentants des Alliés qui avaient négocié avec le gouvernement bulgare sur les concessions que la Serbie aurait à faire; à ces propositions, la Bulgarie répondit par une attaque traîtresse contre la Serbie au moment où elle défendait désespérément ses frontières contre les armées allemandes et autrichiennes. »

A la déclaration du ministre bulgare que son pays est maintenant prêt à la paix, le ministre de Serbie répondit:

« Exactement comme l'Allemagne qui déclare être prête à la paix en un temps où elle occupe plusieurs départements français, la Belgique, la Roumanie et la Pologne, les agents bulgares déclarent de leur côté que la Bulgarie a atteint ses buts de guerre, après avoir partagé la Serbie avec l'Autriche. Ce désir de nos ennemis est facile à comprendre. Mais, pourtant, cette déclaration n’aura pas d'influence sur l’opinion publique américaine, qui se leva pour combattre et prévenir la réalisation de ces intentions monstrueuses. »

Signalant quelques déclarations du représentant bulgare susceptibles d’induire en erreur, M. Michaïlovitch ajouta :

« L'entrée de la Bulgarie dans la guerre actuelle n’a été causée par aucune aspiration nationale. Pour plus d’une année de la guerre, la Bulgarie était neutre et ne mentionnait aucune aspiration. Quand PAL lemagne et l'Autriche se ruèrent sur la Serbie en 1915, la Bulgarie entra en guerre comme agent de l’Allemagne dans le double but de dé uvie la Seitie et d'empêcher la Russie de s’installer à Constantinople. La presse bulgare tout entière le déclara clairement et ouvertement. »

« Christian Science Monitor », de Boston.