La terreur à Paris
46 LA TERREUR A PARIS
sance, dit Mallet-Dupan, Brissot écrivait à l'un de ses ministres-généraux, vers la fin de l’année passée : «Il faut incendier les quatre coins de l’Europe, notre salut est là. »
Et tous ces féroces, qui ont envoyé tant de victimes à la mort, ont devant elle des faiblesses d'enfant, des sensibleries ou des attitudes de comédien. Ils font parade.
« O ma bien-aimée, s'écrie Danton, 6 ma femme, je ne Le reverrai donc plus!»
C'est le cri du sensible névrosé. Voici maintenant le cri du comédien :
Danton se redresse soudain, il voit qu'il est le dernier et, il s’écrie tout haut : « Allons, Danton, pas de faiblesse ! » Et se tournant vers le bourreau : « Tu montreras ma tête au peuple, elle en vaut la peine. »
C’est la fin d'un acte d'une triste comédie.
Robespierre, qui est toujours plein de défiance, livré à de continuels ombrages, qui transforme ses adversaires de tribune en conspirateurs et en criminels d'Etat, qui passe sa vie à soupconner, à dénoncer, à proscrire, était aussi un sensible. Enfant, il avait pleuré en lisant les tendres effusions de Rousseau ; juge au tribunal de l'évêché d'Arras, il avait versé des larmes en rendant un arrêt de mort