La vente des biens nationaux pendant la Révolution française : étude législative, économique et sociale : ouvrage accompagné de deux plans

312 CONSÉQUENCES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES

Pourquoi cette différence entre les deux propriétés ?

Les biens relevant de la grande culture ont eu pour acquéreurs à toute époque, aussi bien après les ventes nationales que pendant leur durée, des gens riches, dont lebut en achetant était d'employer, à quelque taux d’intérêts que ce fût, leurs capitaux improductifs, et c’est l'abondance de ces capitaux qui, en contribuant à élever successivement et dans la suite des années les prix, fit le succès des grosses ventes. De plus, par la culture scientifique et l’outillage perfectionné qu'avec ses richesses la grande propriété était à même de développer, elle pouvait constamment multiplier sa production, de pareils éléments permettant, — comme l’a démontré M. Levasseur, — de créer des produits à meilleur marché, tout en payant des salaires plus élevés.

La petite culture, au contraire, a toujours ignoré ces avantages, ne disposant d’aucune avance, et devant, pour payer ses acquisitions, le plus souvent souscrire et entretenir des emprunts hypothécaires et autres. Au temps des bonnes récoltes, les frais et les intérêts entament sa production, mais qu'il survienne de mauvaises années, ils l’absorberont et au delà, en sorte que, traïînant pendant de longues périodes le boulet de dettes lentement amorties, elle se trouve dans l’impossibilité de