Le Comité de salut public de la Convention nationale

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la voie, — où la Convention alla jusqu’au bout, —de la confusion des pouvoirs et de la centralisation à outrance. Toutefois, la tête pleine de souvenirs confus de la Grèce et de Rome, ils coloraient ce retour vers le passé, — qu'il leur répugnait de s'avouer nettement et sur lequel ils voulaient se faire illusion, — du prétexte de limitation des glorieuses républiques de l'antiquité. Au fond, les révolutionnaires obéissaient plutôt à une impulsion instinctive, qui, dans le danger, fait chercher le salut dans la contraction sur soi-même. L’ancien régime avait fait pénétrer dans les mœurs, par une pratique de plusieurs siècles, l'habitude d’un pouvoir central fort, servi par des agents directs : sans effort, on revint à de vieilles habitudes, contre lesquelles Ont avait réagi un moment, mais qui n'étaient pas oubliées. « La passion de l'unité, dit M. A. Sorel, constamment développée par l’ancien régime, sauva la Révolution de ses propres excès. On crut imiter le sénat de Rome, on imita tout simplement le cardinal de Richelieu. »

Les origines du Comité sont donc naturelles et très explicables. Sa carrière ne l’est pas moins.

Il a évolué rapidement de la dictature impersonnelle réglée, conditionnelle, à une dictature personnelle et sans limites; et il a péri moins par l'exagération de son principe, que parce que les causes qui l'avaient fait naître, — circonstances, idées, passions, — avaient peu à peu disparu. Le terrain manquant, la plante devait fatalement se dessécher.

L'opinion publique accepta où plutôt toléra ce poupoir exorbitant et anormal, tant que la nécessité lui en parut évidente. Le jour où son œuvre passagère fut à moitié réalisée, ellele soutint avec moins d’ardeur, puis