Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

LES ALLIÉS IMPUISSANTS 133

chargeurs sont vides, les ventres aussi. Que faire ? Capituler. Certains y ont pensé. Personne n osa le proposer. Alors? Se concentrer dans la plaine de Kossovo et là dans une ruée désespérée, se lancer vers Uskub, vers Velès, faire la trouée, descendre vers nous, puisque nous ne pouvons monter vers elle ?

Le geste serait beau, immense, immortel. Mais ce n'est pas, cela, de l’art militaire. reste un moyen, le seul, encore bon. La retraite par la route albanaise PrizrendDibar-Ochrida. La route est terrible. Seule l’armée serbe pourrait la suivre. Mais ce n'est pas une route, C’est tour à tour un ravin, un torrent, un fleuve de boue, un maquis, un désert. Entre la révolte mirdite à droite, et les avant-gardes bulgares à gauche, il faudrait se glisser. Seul, l'homme à pied peut passer à travers la montagne, au borddes précipices, dans les nuages qui écrasent les sommets neigeux. 100.000 baïonnettes serbes — tout ce qu'on peut espérer voir parvenir au terme de la tragique retraite