Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

58 LE DRAME SERBE

bonnet, ni une baïonnette. Au sommet de la colline se dresse une hutte. Un homme est là. Il faut approcher à trois pas, pour distinguer l’épaulette d’or presque invisible, tant elle est ternie, qui révèle le grade. Le visage est tanné par le soleil, la pluie, le vent. Je me trouve en présence du chef de l’armée de Belgrade.

Le général me fait entrer dans sa cabane ; un lit de camp, un escabeau, un feu de bois dont le reflet projette nos ombres sur le mur de branchages. « À force de faire la guerre, me dit-il, j'ai perdu l'habitude de vivre dans les maisons. Maintenant. je dors toujours sous un toit comme celui-ci. » C'est de là qu'il lance ses ordres. La, il vit seul, avec pour toute société un gendarme, un téléphoniste et un chien. Du seuil de la . hutte, l'œil peut fouiller à plaisir les rives de la Save, la route de Semlin et les hauteurs de la Béjania où se défilent les batteries autrichiennes, L'ennemi n’a pas encore osé déboucher de Belgrade. Là-bas au confluent des eaux jaunes de la Save et des