Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

PREMIER JOUR DE RETRAITE qu

tout petits et les très vieux jJuchés sur le dernier sac de maïs, ressource suprême. Silencieuses étaient les bêtes, silencieuses étaient les roues, car la boue ouatait les pas de celles-là et les sillons de celles-ci. De la migration désespérée et silencieuse aucun bruit ne montait. On avait envie de s'approcher et de toucher pour bien voir si tout cela qui passait était en vie.

Et quand les deux convois se furent écoulés vers Palanka, l’un, le convoi militaire sar la route, l’autre, le convoi de la population à travers champs, les régiments de la division de Schoumadia s’avancèrent. Les soldats marchaient par colonnes de quatre, la bretelle de l’arme à l'épaule, Ils allaient sans émoi apparent, la face impassible. Peut-être d’ailleurs chacun d'eux ne se rendait-1l pas un compte exact qu'on battait en retraite ? L'homme qui combat dans le rang fait partie d'un gigantesque mécanisme qui l'impressionne, car il en comprend peu le fonctionnement. Et puis ceux-là, depuis quatre ans, en avaient tant