Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

PREMIER JOUR DE RETRAITE 73

Celle-ci, calme comme à la manœuvre, avait pris position au bord d'un petit plaeau qui dominait la Morava sur la gauche de la vallée. Les hommes creusèrent à la pelle les abris individuels. Il s'agissait moins d’ailleurs de résister que de faire croire à l'ennemi qu’une force importante était là. Nous étions une compagnie et trois divisions allemandes s’avancaient. Elles avançaient précédées par les obus dont les éclatements piquaient de flocons blancs le paysage. Car les Souabes n’osaient point lancer leur cavalerie en avant. Ils se servaient de shrapnells pour explorer le terrain. Longtemps le manège dura.

Le ciel bas, qui se voilait toujours davaniage comme un homme qui va mourir se voile la face, écrasa bientôt de ses nuages les monts de Hongrie qui se Drotlaee à l'horizon. Là-bas, en arrière, de l’autre côté du Danube, Mackensen, en chasseur prudent, avait installé à Verschatz son quartier général. Il attendait les ombres du soir avant d’oser découvrir, enfin, les