Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

PREMIER JOUR DE RETRAITE 7

cette fois c étaient les shrapnells qui allaient nous poursuivre. Les batteries allemandes nous ayant vus, prenaient pour cible cette auto qui certainement devait emporter un état-major serbe en fuite. La chasse commença. Les obus nous suivaient, se rapprochant de 100 mètres en 100 mètres. Nous comptions les coups au fur et à mesure. Encore huit, encore sept, encore six ! La précision dutir était invraisemblable. Il ne nous restait plus que cinq coups à compter avant celui qui devait fatalement nous étaler sur la route.

— (Gospodine, par pitié, emporte nos blessés !

Deux infirmiers serbes nous avaient fait signe de stopper. Nous stoppâmes. Six blessés étaient là, sur le bord du chemin, six blessés étendus à terre, six blessés de la dernière heure, très gravement touchés.

— L’ambulance est partie, les convois sont parts, il n’y a plus un char, plus un bœuf pour porter ces malheureux. Nous ne sommes que deux brancardiers sans bran-